Une étude, dont les résultats intitulés «3D Camouflage in an Ornithischian Dinosaur» ont été publiés dans la revue Current Biology, a permis de montrer que les psittacosaures étaient très probablement des adeptes du camouflage.

Rappelons tout d'abord que «la formation Jehol est une formation géologique mondialement célèbre de la province chinoise du Liaoning, à la frontière avec la Corée du Nord», connue «pour son abondance en fossiles du Crétacé, en particulier en spécimens de dinosaures à plumes».

Parmi la quantité d'autres fossiles extraits de la formation Jehol dans des dépôts «connus pour l'excellente préservation des empreintes des parties molles», on peut citer, en particulier, ceux de Psittacosaurus (en français, les psittacosaures), c'est-à-dire 'lézard perroquet', «un genre de dinosaures ornithischiens cératopsiens primitif du début du Crétacé inférieur qui vivait il y a environ 130 à 100 millions d'années».

Psittacosaurus «est l'un des genres de dinosaures les plus riches en espèces, puisqu'on en connaît au moins dix». L'étude ici présentée s'est intéressée à «l'un des fossiles les plus spectaculaires de cet animal», celui du Psittacosaurus sp «que l'on peut admirer au muséum Senckenberg (ou Naturmuseum Senckenberg) de Francfort-sur-le-Main, le deuxième plus grand musée d'histoire naturelle d'Allemagne».

Grâce à l'excellente préservation du corps de ce dinosaure, on pouvait, en l'observant, découvrir «ce qui semblait être des restes de pigmentation de sa peau formant une structure rappelant celle que l'on peut voir de nos jours chez de nombreuses espèces de mammifères, de reptiles, d'oiseaux et de poissons». Cette structure caractéristique correspond à une forme de camouflage dénommée 'contre-illumination'.

La 'contre-illumination' est notamment mise à profit chez des animaux marins: en effet, «en étant plus sombre sur la face dorsale que sur la face ventrale», ils peuvent «se cacher de leurs prédateurs selon qu'ils les observent de dessus ou de dessous». De manière plus générale, un animal, selon son habitat, «sera illuminé de différentes façons et la contre-illumination a pour objectif de compenser les zones d'ombre ou de lumière sur son corps de manière à ce qu'il puisse se dissimuler dans le décor».

Cette étude a donc cherché à savoir si les Psittacosaurus étaient réellement adeptes de cette technique et quelles informations on pouvait en tirer sur leur mode de vie. Ainsi, dans un premier temps, elle a confirmé «que l'on pouvait bien associer aux zones sombres observées, à l'aide de la lumière polarisée notamment, des restes de mélanosomes, c'est-à-dire des organites intracellulaires à l'intérieur duquel sont fabriquées les mélanines, pigments protégeant la peau des radiations solaires dans le règne animal».

Dans un second temps, «une reconstruction à l'échelle en 3D du corps de l'animal, basée sur l'étude fine de son squelette, des empreintes des parties molles et des restes de sa pigmentation, a été réalisée à partir d'argile et de polystyrène extrudé». Elle serait «la reconstitution d'un dinosaure la plus précise et la plus complète à ce jour». En outre, «une copie de couleur grise a également été fabriquée» pour être «placée dans différentes conditions d'éclairement» afin d'analyser les ombres qui en résultent et «comparer le résultat avec la contre-illumination supposée et reconstituée sur la première reconstruction».

Il est ainsi apparu que «le camouflage était celui que l'on pouvait attendre d'un animal vivant en forêt», comme on pouvait s'en douter, car «on savait déjà grâce à l'étude des sédiments de la formation Jehol que l'environnement devait être celui de lacs bordés de forêts de conifères». En conséquence, il est fort probable que les psittacosaures étaient des adeptes du camouflage.