• Paléontologie: une nouvelle espèce de singe, appartenant à une branche de grands singes éteinte mais proche de celle qui a donné naissance à l’homme, a été découverte!____¤201708

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «New infant cranium from the African Miocene sheds light on ape evolution» ont été publiés dans la revue Nature, rapporte la découverte d'un crâne fossilisé d'une nouvelle espèce de singe appartenant à une branche de grands singes complètement éteinte mais très proche de celle qui a donné naissance à l’homme.

     

    Ce crâne,«presque complet, gros comme un citron», avait été découvert «en 2014 sur le site de Napudet, au Kenya, non loin du lac Turkana». Un tel fossile est extrêmement rare, car d'ordinaire, «dans des terrains de 13 millions d’années comme celui de Napudet, les chercheurs sautent de joie quand ils découvrent une dent ou un fragment de mandibule».

     

    Comme à «l’époque où ce petit singe vivait, la région n’était alors pas un désert» mais «une forêt de type équatorial dense» qui «se prête mal à la fossilisation» («le sol est souvent très acide et les os, s’ils ne sont pas enterrés rapidement, disparaissent en peu d’années»), il s'agit d'une très bonne surprise. En fait, c'est actuellement le seul crâne de singe retrouvé pour cette période qui «a été le théâtre d’une importante diversification des espèces de grands singes, dont les descendants actuels sont les gibbons, les orangs-outans, les gorilles, les chimpanzés et… les humains».

     

    Afin de le situer dans le buissonnement d'hominoïdes, ce crâne a été scruté «au synchrotron de l’ESRF, dont le faisceau extrêmement brillant de rayons X permet, comme un super-scanner, de voir au cœur de la matière et de réaliser des images en trois dimensions d’une exceptionnelle précision».

     

    L'analyse de l’oreille interne qui comporte «trois canaux semicirculaires, trois tubes tordus dotés de cellules ciliées qui, en détectant les mouvements de la tête, sont le siège de l’équilibre» éloigne cette espèce des gibbons. En effet, «chez les gibbons, qui font des mouvements rapides et complexes lorsqu’ils se balancent de branche en branche et des bonds de plusieurs mètres dans les arbres, comme des Tarzan sans lianes, ces canaux sont très développés», alors que le petit primate découvert «a l’oreille interne typique d’un grand singe classique» ce qui démontre qu'il n’était pas «du tout capable de se mouvoir avec l’aisance et l’agilité des gibbons».

     

    Afin de localiser ce spécimen dans la famille des grands singes, l'étude a répertorié de nombreux caractères et a effectué les analyses au moyen d'algorithmes «qui construisent des sortes d’arbres généalogiques» en privilégiant «les hypothèses les plus parcimonieuses, celles qui exigent de faire le moins de changements possibles, le moins de sauts évolutifs».

     

    Il est ainsi apparu qu'il fallait le ranger «dans le genre Nyanzapithecus, une branche de grands singes complètement éteinte mais très proche de celle qui a donné naissance à l’homme». En conséquence, comme ce spécimen «appartient à une espèce inconnue jusqu’à présent», elle a été dénommée «Nyanzapithecus alesi, le mot 'ales' signifiant 'ancêtre' en langue turkana».

     

    Les données extrêmement précises fournies par le synchrotron ont permis de «déterminer l’âge exact de l’animal au moment de sa mort, en étudiant ses stries dentaires», car «chaque jour qui passe, une nouvelle et infime couche d’émail et de dentine est observée»: d'abord, «la strie marquant le jour de la venue au monde de l’individu (une trace caractéristique due au stress de la naissance)» a été identifiée et, ensuite, il a été possible de compter «toutes celles qui ont suivi».

     

    En fin de compte, «le singe n’avait que 16 mois lorsqu’il est passé de vie à trépas». Cette précision est importante, puisqu'elle permet «des comparaisons avec les primates actuels» du même âge.

     

     


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