Une étude, dont les résultats intitulés «Ecosystem engineering by deep‐nesting monitor lizards» sont publiés dans la revue Ecology, rapporte la mise au jour au nord de l'Australie de terriers géants de varans, véritables écosystèmes renfermant dans un même trou des prédateurs et leurs proies, des insectes et des grenouilles, des gros et des petits animaux. Dans ces terriers, cohabitent dans le sable à quelques mètres de profondeur, comme dans un immeuble, des grenouilles, geckos, lézards, scorpions et mille-pattes, chacun habitant un étage différent.

Cette découverte découle de la recherche du lieu où le varan panopte (Varanus panoptes) pondait ses œufs. Cet animal, «malgré son 1,4 mètre de long», est «menacé par le crapaud buffle (Rhinella marina), une espèce invasive débarquée en Australie en 1935». En fait, il est apparu que les trous dans lesquels le varan pond ses œufs sont «d'immenses terriers de forme hélicoïdale qui s'enfoncent dans le sol à plus de 4 mètres de profondeur».

Ces trous, «constitués de plusieurs étages», sont de véritables labyrinthes «de terriers frais et plus anciens, abritant des geckos, lézards, serpents, crapauds,  mille-pattes, coléoptères, fourmis et même un marsupial». Un de ces trous, par exemple, abritait 418 grenouilles et au total, «747 individus de 28 espèces de vertébrés» ont été trouvés dans seulement 16 trous. La taille des terriers, qui «n'a pas été mesurée avec précision», varie «de 2 à 120 mètres carrés».

Chaque espèce utilise selon ses besoins ces abris, qui «forment une mini-ville souterraine»: par exemple, «les grenouilles s'en servent pour hiverner et passer la saison sèche», tandis que «les petits reptiles y trouvent refuge pour s'abriter de la chaleur dans la journée et se protéger des prédateurs» et que «d'autres espèces de varans y déposent opportunément leurs œufs». Il semble, cependant, que probablement «en raison de l'odeur des reptiles» aucun mammifère n'y a «pris ses quartiers.

Il est surprenant «que tant d'animaux utilisent ces terriers, étant donné qu'un grand nombre d'entre eux constituent une proie facile» pour les varans, qui «dévorent à peu près tout ce qu'ils peuvent attraper». Cette étrange cohabitation est sans doute due au fait que «chaque espèce occupe le terrier à différents moments»: ainsi, «les varans s'en servent uniquement pendant quelques semaines, laissant incuber leurs œufs durant toute la saison sèche».