• Zoologie: des gènes provenant de guêpes parasites, présents dans le génome de nombreux papillons, feraient de ceux-ci des papillons naturellement OGM!____¤201509

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Recurrent Domestication by Lepidoptera of Genes from Their Parasites Mediated by Bracoviruses» ont été publiés dans la revue PLOS Genetics, suggère que des gènes provenant de guêpes parasites présents dans le génome de nombreux papillons feraient de ceux-ci des papillons naturellement OGM.

     

    Comme elle a porté «sur l'étude de guêpes de la famille des braconides, sur le bracovirus qui leur est associé ainsi que sur certaines espèces de papillons», indiquons tout d'abord que «pour se reproduire, les guêpes de la famille des braconides doivent pondre leurs œufs dans des chenilles qui servent à l’alimentation des larves pendant leur développement et jusqu’à leur maturité».

     

    Du fait que ces chenilles hôtes, «pourvues d’un système de défense efficace qui forme une capsule de cellules immunitaires autour d’un corps étranger», constituent «un milieu hostile pour les larves», les guêpes, «pour contourner ces défenses», injectent, lors de leur ponte, «des particules nommées bracovirus qui pénètrent dans les cellules de la chenille» de sorte que les gènes véhiculés «sont exprimés par l’hôte et induisent une immunosuppression et le contrôle du développement de la chenille, permettant aux larves de coloniser cet hôte».

     

    Les bracovirus étant «des 'virus géants' munis d’un génome complexe formé de dizaines de cercles d’ADN double brin (totalisant plus de 800 kilobases) et comprenant plusieurs centaines de gènes», on savait déjà «que ces cercles d’ADN étaient capables de s’intégrer dans celui des chenilles parasitées» qui ne produisent pas de descendants pouvant «transmettre des ADN viraux intégrés dans leurs cellules reproductrices» car le développement des chenilles est «arrêté par le virus au cours du parasitisme».

     

    Cependant, l'étude ici présentée vient de montrer «que des restes de cercles de bracovirus peuvent être détectés dans le génome de nombreuses espèces de papillons» parmi lesquelles le Monarque (Danaus plexippus), le ver à soie (Bombyx mori), le légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda) et la noctuelle exiguë (Spodoptera exigua).

     

    Pour expliquer ce paradoxe, une hypothèse avancée «est que les guêpes parasites attaquent à l’occasion des chenilles qui ne sont pas leur hôte naturel, entrainant l’échec du parasitisme», avec «comme conséquence fortuite l’intégration de séquences virales dans l’ADN de ces lépidoptères».

     

    Il faut souligner que «les séquences de bracovirus identifiées ne sont pas uniquement des reliques, mais comprennent des gènes maintenus actifs par les papillons» puisqu'ils «sont exprimés par les chenilles et portent les traces d’une sélection toujours opérante, ce qui suggère qu’ils apportent aujourd’hui une fonction physiologique aux lépidoptères» (les résultats de l'analyse détaillée de deux de ces gènes laissent ainsi penser qu’ils exercent un rôle protecteur contre les baculovirus, «d’autres virus très présents dans la nature», aujourd'hui utilisés dans le cadre de la lutte biologique contre les chenilles).

     

    Du fait que «les bracovirus sont des virus endogènes indissociablement associés aux guêpes parasites depuis environ 100 millions d’années» et que «les gènes présents sur les cercles de bracovirus proviennent pour une large part de la guêpe elle-même», un flux de gènes existe «entre hyménoptère et lépidoptère par l’intermédiaire des bracovirus».

     

    Ce flux est bien identifiable «dans le cas des lectines de type C, des molécules généralement impliquées dans la reconnaissance de pathogènes», car «chez les différentes espèces de légionnaires on trouve un groupe de gènes de lectines beaucoup plus proches de ceux des hyménoptères y compris de l’abeille que de ceux des lépidoptères», qui serviraient d’antidote aux papillons pour se défendre contre d’autres virus.

     

    Il résulte de ces observations qu'il y a une forte probabilité que ce phénomène décrit d’acquisition de gènes est «tout à fait général et que des transferts de gènes variés se produisent régulièrement dans la nature», sachant qu'il existe «des dizaines de milliers d’espèces de guêpes parasitant la quasi totalité des espèces de lépidoptères, ayant chacune son propre bracovirus pourvu d’un assortiment différent de gènes de guêpes».

     

     

     


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