Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature, montre que le système respiratoire du varan des savanes (Varanus exanthematicus), un lézard assez indolent, est unidirectionnel, comme chez les oiseaux où l'air qui «entre par la trachée, passe dans le poumon (rigide et qui ne change donc pas de volume)» et «se disperse dans une sorte de labyrinthe avant de ressortir par où il est venu».

Pour le prouver, des poumons du varan des savanes ont été observés au scanner en trois dimensions, la respiration de cinq spécimens a été mesurée avec des débitmètres et de l'air puis de l'eau ont été injectés dans les poumons de dix varans morts.

Cette circulation en boucle, qui «permet notamment d'assurer un apport constant d'oxygène dans le sang», semblait justifiée chez les volatiles par le besoin de «supporter les efforts musculaires intenses exigés par le vol et leur mode de vie, particulièrement la raréfaction de l'oxygène en altitude».

Comme ce n'est pas le cas du varan des savanes et que «les alligators d'Amérique seraient dotés des mêmes facultés, ce qui les aiderait à retenir leur souffle, qu'ils soient en plongée ou non», il est intéressant de rechercher l'origine de ce système respiratoire.

Son apparition «pourrait être liée à l'extinction massive d'espèces survenue voici quelque 250 millions d'années», car «presque tous les animaux marins et les deux tiers des vertébrés terrestres avaient alors été éradiqués par une catastrophe d'origine mystérieuse qui s'est traduite par une chute sévère du taux d'oxygène dans l'atmosphère»: au cours de cette période, «les espèces douées d'une respiration unilatérale auraient ainsi pu avoir un avantage très net». Ainsi, «une centaine de millions d'années avant l'apparition des premiers oiseaux», les ancêtres des oiseaux et des crocodiliens pourraient avoir déjà abordé la période du Trias avec un poumon unidirectionnel.