• Linguistique: les royaumes du Moyen Âge survivent toujours dans la répartition géographique des noms de famille en Espagne! ____¤201504

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Footprints of Middle Ages Kingdoms Are Still Visible in the Contemporary Surname Structure of Spain» ont été publiés dans la revue PLOS ONE, a permis de constater que les royaumes du Moyen Âge survivent toujours dans la répartition géographique des noms de famille en Espagne, de sorte que globalement les différences patronymiques régionales correspondent, presque exactement, aux anciens royaumes de Navarre, de Castille-León et d'Aragon.

     

    L'adoption des noms de famille en Espagne, qui date de la fin du Moyen Âge, «correspond à la phase finale de la Reconquista des territoires arabes du sud par les royaumes catholiques du nord, un moment qui marque le début de l'unification politique du pays».

     

    Dans le cadre de l'étude ici présentée, les 47 provinces de l’Espagne continentale ont été classées, «à partir d’analyses du recensement de la population espagnole de 2008 (padrón municipal)», selon «la différence, ou la similarité, de leurs patronymes (33 753 patronymes correspondant à plus de 30 millions d’individus)».

     

    Il est alors apparu que «la répartition géographique qui en résulte correspond aux royaumes qui existaient au Moyen Âge, exception faite pour le royaume de Castille». En outre, «une analyse computationnelle des différences linguistiques régionales aboutit à des résultats semblables».

     

    Pour sa part, «La Castille, au sens large, apparaît comme largement indifférenciée parce que de nombreux noms de famille y sont très fréquents (Rodriguez, Diaz, etc) car ils se sont imposés (par prestige et par contrainte) aux populations annexées lors de la vaste unification territoriale initiée par Isabelle Ière de Castille, marraine de la découverte des Amériques» (c'est d'ailleurs «la raison pour laquelle l’Espagne est le pays d’Europe avec le plus faible nombre de patronymes»).

     

    De manière générale, «le retard du développement industriel au XIXe siècle, qui n’a pas entraîné de migrations internes importantes, et la politique antirégionaliste du général Franco ont contribué à figer une géographie patronymique qui reste proche de celle du Moyen Âge».

     

    Au point de vue régional, il est intéressant de relever que «le groupe basque, linguistiquement très différencié, ne l’est pas du point de vue des noms de famille» et que «les régions correspondant à l’ancien royaume d’Aragon (dont la Catalogne faisait partie) sont les plus riches en noms de famille», car «ce royaume, politiquement uni avec celui de Castille, a gardé une administration propre qui a empêché la 'castillanisation' de ses patronymes».

     

    Comme, selon l'étude, «il est rare que des faits historiques et politiques laissent des traces aussi claires dans la géographie des noms de famille d’un pays», l’Espagne semble un cas d'école à cet égard: plus précisément, le corpus patronymique espagnol est un «monument invisible», qui témoigne «d’une histoire de conquêtes dont la pénétration culturelle, vis-à-vis des populations concernées, a été totale».

     

     


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