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Médecine: l’efficacité de la phagothérapie dépend du système immunitaire du patient! ____¤201707
Une étude, dont les résultats intitulés «Synergy between the Host Immune System and Bacteriophage Is Essential for Successful Phage Therapy against an Acute Respiratory Pathogen» ont été publiés dans la revue Cell Host & Microbe, a permis de montrer que l’efficacité de la phagothérapie dépend du système immunitaire du patient.
Rappelons tout d'abord que la phagothérapie, une méthode «proposée il y a cent ans», consiste à «attaquer les bactéries avec leurs propres virus, les bactériophages ou 'phages', inoffensifs pour l’homme». Elle était «devenue marginale avec l’avènement des antibiotiques», mais, actuellement, «avec la montée alarmante des résistances aux antibiotiques», l’intérêt pour cette méthode se «renouvelle en Europe».
Cependant, jusqu’ici, «les données manquaient pour comprendre comment la phagothérapie fonctionne in vivo»: en effet, si «in vitro, les phages tuent les bactéries qu’ils ciblent spécifiquement», chez l’animal et a fortiori chez l’homme, «l’importance de la réaction de l’hôte était jusqu’à présent négligée».
Pour sa part, l'étude ici présentée a fait appel à «une double approche qui combine un modèle animal, pour évaluer l’efficacité du traitement in vivo dans différents contextes, et une modélisation mathématique visant à mieux cerner l’importance du statut immunologique du patient dans les chances de réussite d’une telle thérapie».
La bactérie Pseudomonas aeruginosa, «impliquée dans des infections respiratoires» et «classée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les bactéries les plus menaçantes en terme de résistance aux antibiotiques» a été utilisée comme support de cette recherche.
Il est alors apparu «que chez des souris dont l’immunité fonctionne bien, le traitement est couronné de succès», car «le système immunitaire inné, le premier sollicité en cas d’infection, prend notamment en charge les bactéries qui deviennent résistantes aux phages». Il n'en était plus ainsi avec «des souris génétiquement modifiées pour que leur système immunitaire soit moins performant, en particulier quand la population de neutrophiles (des globules blancs surtout impliqués dans l’immunité innée) est réduite».
Les simulations confirment «qu’une activation de la réponse innée à hauteur de 50 % de celle observée chez un individu sain est nécessaire pour que le traitement soit efficace (20 % si l’on suppose qu’aucune bactérie ne résiste aux phages)» et qu'en aucun cas «les phages seuls ne peuvent éradiquer une infection à P. aeruginosa.».
Comme «ces travaux suggèrent que les neutrophiles sont indispensables pour éradiquer tant les bactéries résistantes aux phages que les autres», on pourrait «envisager de sélectionner les patients susceptibles de bénéficier d’un tel traitement», qui pourrait «ne pas être approprié ou recommandé pour des personnes en situation d’immunodéficience sévère».
L’étude montre aussi «l’innocuité de l’approche sur les souris ainsi que la possibilité d’utiliser les phages en prophylaxie». Il ne faut néanmoins pas voir la phagothérapie comme un remède miracle et il apparaît «primordial que des résultats soient obtenus avec les modèles actuels pour compléter les connaissances du début du XXe siècle».
Tags : Médecine, 2017, Cell Host & Microbe, phagothérapie, bactéries, Pseudomonas aeruginosa, virus, bactériophages, phages, système immunitaire, neutrophiles
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