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Neurologie: pour la première fois, il a été démontré par quel biais l’ocytocine, neuropeptide synthétisé au sein de l’hypothalamus, facilite les interactions sociales! ____¤202007
Une étude, dont les résultats intitulés «Social touch promotes interfemale communication via activation of parvocellular oxytocin neurons» ont été publiés dans la revue Nature Neuroscience, a permis de démontrer pour la première fois par quel biais l’ocytocine, un neuropeptide synthétisé au sein de l’hypothalamus, facilite les interactions sociales: en fait, «un contact physique active des neurones parvocellulaires de cette zone cérébrale, qui coordonnent la sécrétion d’ocytocine pour promouvoir les comportements prosociaux».
Relevons tout d'abord que «bien que le sens du toucher soit au centre de notre perception, cette modalité a toujours été éclipsée par la vision ou l’audition dans la philosophie, la recherche scientifique et la psychologie». Comme «le contact social est un prérequis pour l’intimité, d’une importance primordiale pour la formation de relations de confiance», plusieurs formes de touchers, de toilettages et de caresses «ont pu être observées chez les rongeurs, les félins ou encore les primates».
Par ailleurs, alors que «l'établissement et la maintenance de hiérarchies sociales sont modulés par diverses molécules dans le cerveau», l’une d’entre elles, le neuropeptide ocytocine, a émergé comme actrice majeure «durant la dernière décennie». Concrètement, «l'ocytocine, en plus de permettre l’accouchement et la lactation, modifie le fonctionnement du cerveau pour réguler les émotions, comme la peur ou l’attachement amoureux, ou encore les relations sexuelles et les comportements parentaux».
Du fait que «les aspects mécanistiques par lesquels l’ocytocine favorise ces comportements prosociaux» et que «ce qui déclenche la libération de ce neuropeptide», sont toujours méconnus, l'étude ici présentée a cherché à éclaircir ce mystère. Elle a ainsi montré «qu’une petite population de neurones à ocytocine, dénommés parvocellulaires du fait de leur petite taille, est responsable de la traduction des signaux sensoriels physiques en diverses formes de comportements sociaux».
Pour faire cette démonstration, «les neurones synthétisant l’ocytocine chez des rats femelles se déplaçant librement et interagissant avec une congénère» ont été enregistrés. Les analyses indiquent «que les neurones ocytocinergiques sont particulièrement actifs lors d’un contact tactile entre deux animaux».
De nombreuses techniques complémentaires, allant «de l’imagerie calcique à l’évaluation comportementale, en passant par la manipulation optogénétique de l’activité neuronale», ont permis de prouver «que l’activation des neurones parvocellulaires induit l’excitation d’une population de neurones ocytocinergiques bien plus grande, favorisant alors l’interaction entre les deux femelles».
En fin de compte, ces observations, qui «fournissent des notions nouvelles sur la manière dont ce neuropeptide orchestre les comportements sociaux», suggèrent «qu’agir sur le système ocytocinergique pourrait ouvrir des pistes vers un potentiel traitement de certains troubles psychiatriques: une combinaison de stimulus tactiles (par exemple un massage) et une administration d’ocytocine intra nasale pourraient atténuer les altérations socio-émotionnelles chez les patients atteints de maladies mentales, comme l’autisme ou le trouble de stress posttraumatique».
Tags : Neurologie, 2020, Nature Neuroscience, hypothalamus, neuropeptides, ocytocine, toucher, toilettage, caresses, accouchement, peur, confiance
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