• Paléontologie: le gigantesque loup d'Amérique du Nord a disparu il y a 12.000 ans sans laisser de trace génétique chez ses cousins contemporains qu'il a côtoyés! ____¤202101

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Dire wolves were the last of an ancient New World canid lineage» ont été publiés dans la revue Nature, révèle que le gigantesque loup d'Amérique du Nord, «emblématique de la mégafaune préhistorique de l'Âge de glace, a disparu il y a 12.000 ans sans laisser de trace génétique chez ses cousins contemporains» qu'il a côtoyés, alors que, depuis plus de cent ans, les biologistes pensaient que Canis dirus (le 'loup sinistre' ou 'loup terrible' était une sous-espèce du loup gris commun, dont il était morphologiquement proche bien qu'environ 20 % plus grand.

     

    Relevons tout d'abord que l'analyse des ossements de Canis dirus, qui «a rôdé pendant des millions d'années sur le continent nord-américain» et «a laissé derrière lui des fossiles en abondance, notamment dans le gisement du Rancho La Brea en Californie, où des restes d'animaux du  Pléistocène (période géologique marquée par des cycles glaciaires) ont été conservés dans des trappes à bitume», s'était, jusqu'à présent limitée à l'anatomie.

     

    Aujourd'hui, pour la première fois, l'étude ici présentée, «a fait parler la génétique» en analysant «de l'ADN de restes vieux de 50.000 ans, découverts dans le Wyoming, l'Idaho, l'Ohio et le Tennessee». En outre, «des protéines de collagène récupérées sur les os du Rancho La Brea, un biomarqueur permettant des comparaisons avec d'autres espèces» ont pu être séquencées.

     

    Au bout du compte, il est apparu que «Canis dirus est une espèce à part, et seulement un lointain cousin de Canis lupus, le loup gris actuel», les deux espèces étant aussi éloignées «que l'Homme et le chimpanzé». Concrètement, «ces deux espèces de canidés possédaient un très vieil ancêtre commun dont ils auraient divergé il y a entre 5 et 7 millions d'années, formant deux lignages distincts».

     

    Ainsi, Canis dirus «aurait vécu en Amérique du Nord en autarcie, totalement isolé des autres espèces de canidés qui déambulaient à travers l'Eurasie». Là, il a «prospéré seul pendant des millions d'années, chassant la riche faune de grands mammifères, tels les bisons, qui peuplait alors l'hémisphère Nord» jusqu'à ce que «débarquent des loups et des coyotes, venus d'Eurasie» avec lesquels il aurait cohabité «pendant les 20.000 dernières années de son existence» sans se reproduire «puisqu'on ne retrouve plus aucune trace du matériel génétique du 'loup sinistre'».

     

    C'est surprenant, car «les échanges génétiques sont fréquents entre différentes espèces de canidés occupant le même écosystème, par exemple entre le loup gris et le coyote». Une hypothèse avancée pour expliquer cette absence d'hybridation est «qu'il ait convolé avec les autres espèces», mais qu'une «barrière biologique (pas d'interfécondité), ou comportementale (les enfants n'auraient pas pu s'intégrer aux meutes d'autres espèces), ait rendu la reproduction impossible».

     

    De ce fait, Canis diris fut «incapable de survivre par le biais d'autres gènes», qui «auraient, par exemple, pu lui permettre de résister à des maladies 'importées'» alors que «ses proies, les autres grands mammifères, disparaissent». Ainsi, il s'est retrouvé «dans une impasse de l'évolution», qui l'a mené à son extinction totale. Par rapport au loup commun plus 'flexible', qui «a su s'adapter aux variations de températures et traverser l'histoire», il «était sans doute 'trop spécialisé'».

     

     


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