• Zoologie: des groupes de singes de Campbell, situés dans des régions géographiques distinctes, utilisent un même cri avec des 'sens' différents!____¤201412

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Monkey semantics: two ‘dialects’ of Campbell’s monkey alarm calls» ont été publiés dans la revue Linguistics and Philosophy, a permis de mettre en lumière, grâce à des données récoltées dans la forêt Taï (Côte d'Ivoire) et sur l'île de Tiwai (Sierra Leone), que des groupes de singes d'une même espèce, situés dans des régions géographiques distinctes, utilisent un même cri avec des 'sens' différents.

     

    Ce travail, qui propose «une modélisation explicite (en termes de 'théorie des modèles') du sens des cris d'alarmes des singes de Campbell», constitue «la première tentative d'application de méthodes sophistiquées de la sémantique formelle à l'analyse d'un système de communication animale».

     

    Il permet tout d'abord de constater «que les cris des singes peuvent avoir une structure et une signification plus complexe qu'il n'est habituellement supposé»: ainsi, «les cris des singes de Campbell présentent une distinction entre racines et suffixes, et la combinaison de ceux-ci leur permet de décrire tant la nature d'une menace que son degré de dangerosité».

    Plus précisément, «dans la forêt Taï, hok est utilisé pour avertir d'une alerte aérienne sérieuse (par exemple de la présence d'un aigle), tandis que hok-oo est utilisé pour des alertes moins sérieuses; krak est utilisé pour avertir d'une alerte terrestre sérieuse (généralement de la présence d'un léopard), tandis que krak-oo est utilisé comme cri d'alarme entièrement général».

    Il est également apparu «que, selon l'environnement, des groupes distincts de singes d'une même espèce peuvent présenter certaines différences 'dialectales' dans l'utilisation d'un cri particulier – un peu comme il arrive dans les langues humaines qui utilisent un même mot (par exemple 'dépanneur') avec des sens différents, selon par exemple que l'on est en France ou au Québec».

    Ce point est illustré par le fait que chez les singes de Campbell, «la présence d'aigles ne donne pas lieu à l'émission de krak dans la forêt Taï, où ce cri est habituellement réservé aux alertes de léopard» tandis que «sur l'île de Tiwai, krak a une très grande variété d'usages, et peut en particulier être utilisé dans des alertes d'aigle».

    Cette variation dialectale apparaît découler de l'environnement, car «s'il y a bien des aigles sur l'île de Tiwai, les léopards y sont en revanche absents depuis au moins 40 ans», ce qui conférerait à krak «un sens beaucoup plus large que dans la forêt Taï».

    Au niveau théorique, l'étude ici présentée fait appel à «un mécanisme emprunté à la pragmatique des langues humaines», fondé sur les 'implicatures', pour expliquer cette variation dialectale apparente: dans ce cadre, un mot peut être «enrichi par compétition avec d'autres mots plus informatifs».

     


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