• Zoologie: l'acarien Varroa destructor est capable de modifier, en fonction de l'espèce d'abeilles qu'il parasite, la composition chimique de la cuticule qu'il imite!____¤201506

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Varroa destructor changes its cuticular hydrocarbons to mimic new hosts» ont été publiés dans la revue Biology Letters, a permis de démontrer que Varroa destructor, un acarien parasite des abeilles, connu pour sa capacité d'imiter la composition chimique de la cuticule (c'est-à-dire «la couche externe sécrétée par l'épiderme des insectes», qui «forme leur squelette externe») de son hôte, est aussi capable de modifier cette composition en fonction de l'espèce qu'il parasite.

     

    Rappelons tout d'abord, que l'hôte d'origine de l'acarien Varroa destructor, un ectoparasite (c'est-à-dire un parasite externe qui vit sur le corps d'un autre organisme) de l'abeille européenne domestique (Apis mellifera) qu'il a commencé à parasiter dans les années 40-50 «posant de nombreux problèmes sanitaires à leurs colonies», est Apis cerana, l'abeille asiatique.

     

    Concrètement, Varroa destructor s'introduit «dans les alvéoles des ruches contenant les larves d'abeille et se nourrit de leur hémolymphe» (liquide circulatoire dont le rôle est semblable à celui du sang chez les vertébrés)» et «parasite également les nymphes et les abeilles adultes».

     

    Cependant, la cuticule des abeilles étant constituée «d'un mélange d'une cinquantaine de composés lipidiques (des hydrocarbures) qui servent entre autre à la communication chimique», les abeilles ont la capacité «de reconnaître la composition d'une cuticule et d'identifier ainsi l'espèce ou l'âge d'un individu», ce qui leur donne le pouvoir de détecter également la présence des parasites dont la cuticule est différente.

     

    De ce fait, alors que l'abeille asiatique présente des comportements (toilettage des adultes et vérification des larves par les ouvrières) permettant de détecter et d'éliminer le parasite, ceux-ci «se retrouvent moins chez les abeilles mellifères» de sorte que «sans traitement chimique, leurs colonies meurent en deux à trois ans».

     

    Comme des études précédentes avaient montré «que l'acarien Varroa destructor peut mimer les hydrocarbures cuticulaires de leur hôte et ainsi échapper au comportement hygiénique des abeilles», l'étude ici présentée s'est focalisée sur «la capacité des acariens, selon leur origine, à mimer la composition de la cuticule d'un nouvel hôte, d'une espèce différente, en transférant des acariens vivant dans une colonie d'abeilles asiatiques sur des larves d'abeilles européennes et inversement».

     

    Il est alors apparu que les parasites «sont capables d'imiter les deux hôtes, même lorsqu'ils sont transférés artificiellement», car «les proportions des hydrocarbures cuticulaires des acariens changent après le transfert afin de mimer la cuticule de leur nouvel hôte». En outre, l'analyse des cuticules a «mis en lumière que les acariens issus de colonies d'abeilles asiatiques sont de meilleurs imitateurs que ceux provenant d'abeilles européennes».

     

    Ainsi, ce système hôte-parasite apparaît comme «une belle illustration de la 'course aux armements' à laquelle se livrent deux organismes au cours de leur évolution commune»: en l'occurrence, «la longue co-évolution entre Varroa destructor et Apis cerana a semble-t-il permis aux acariens d'être plus efficaces dans leur mimétisme chimique et aux abeilles asiatiques de développer des comportements plus adaptés à la lutte contre le parasite» tandis que «le passage relativement récent de l'acarien chez Apis mellifera explique pourquoi l'abeille européenne a du mal à détecter le parasite».

     

     


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