• Zoologie: la présence d'un poumon chez une espèce vivante du coelacanthe prouve le caractère commun entre celui-ci et le poumon calcifié des coelacanthes fossilisés!____¤201509

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Allometric growth in the extant coelacanth lung during ontogenetic development» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de confirmer la présence d'un poumon chez une des espèces vivantes du coelacanthe et d'identifier le caractère commun partagé par celui-ci et le poumon calcifié des coelacanthes fossilisés.

     

    Rappelons tout d'abord que, tout au long du XIXe siècle, ce poisson, qui peut avoir jusqu’à 2 mètres de longueur et peser 100 kilos, a été classé, en se basant sur ses fossiles, dans la catégorie des espèces disparues jusqu'à ce qu'en 1938 un animal fraîchement mort, «pratiquement identique à ceux, vieux de 70 à 400 millions d’années, rassemblés dans les collections», a été «ramené dans les filets d’un pêcheur sud-africain».

     

    Depuis cette date, «d’autres individus ont été retrouvés dans le détroit du Mozambique et au large de l’Indonésie, avec toujours ce même aspect préhistorique» qui lui fait tenir «une place particulière dans la chaîne phylogénétique, quelque part entre les poissons et les vertébrés à pattes».

     

    C'est justement pour en apprendre un peu plus sur cette situation que l'étude ici présentée a cherché, grâce aux nouvelles techniques d’imagerie, de détecter la présence d'un poumon chez des spécimens de cet animal mystérieux: en particulier, «certains échantillons ont été analysés au synchrotron ESRF de Grenoble, qui permet, grâce à un accélérateur de particules, de pénétrer, sans les altérer, les couches profondes de la matière pour en faire apparaître les détails».

     

    L'étude a d'abord retrouvé, chez les animaux adultes repêchés, «un poumon régressé, non fonctionnel, inclus dans l’organe graisseux», une poche «remplie, comme son nom l’indique, de graisse» permettant «au cœlacanthe d’adapter sa flottabilité». Ainsi, grâce à elle, «l’animal évolue au milieu des rochers dans une très large gamme de profondeur, de 120 à 800 mètres sous la surface».

     

    En outre, l'examen des plus petits embryons (4 cm) a fait apparaître «qu’au départ de sa vie, le poisson développe un poumon à un stade accéléré, comme nombre de mammifères marins» et qu'ensuite la croissance de celui-ci s’interrompt, et «l’organe graisseux prend le relais».

     

    Cette observation du développement embryonnaire correspond à l'évolution de l’espèce, car «les fossiles de cœlacanthes, du Dévonien jusqu’au Crétacé (- 410 à - 66 millions d’années), présentaient dans leur cavité abdominale un organe allongé recouvert de plaques ossifiées se chevauchant les unes les autres»: plus précisément, comme des ébauches de telles plaques ont été mises en évidence chez les animaux contemporains, cela suggère que cet organe «était très certainement un poumon fonctionnel» (les premiers naturalistes voyaient en lui «un appendice osseux de type inconnu, vessie pour les uns, vessie natatoire pour les autres»).

     

    Cette identification concorde avec leur environnement, car «les cœlacanthes ne vivaient pas, à l’époque, dans les grands fonds, mais en surface, tant dans les eaux marines que douces». Ainsi, «c'est très vraisemblablement pour s’adapter à ce changement que ces étonnants poissons ont abandonné leur poumon» de sorte que cette adaptation peut expliquer, selon l'étude, «comment les cœlacanthes ont survécu aux crises environnementales du Crétacé [- 145 à - 66 millions d’années] et du Paléogène [- 65 à – 23 millions d’année]».

     

     

     


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