Une étude, dont les résultats intitulés «Time-space–displaced responses in the orangutan vocal system» ont été publiés dans la revue Science Advances, révèle que les orangs-outans, tout comme nous, savent 'parler' du passé, c'est-à-dire d'évènements qui se sont produits.

Rappelons tout d'abord que «étymologiquement, orang outan signifie 'homme des bois', du fait de nombreuses «similitudes entre ce primate et l'être humain». Comme c'est «fréquent dans le monde animal», quand «des orangs-outans repèrent un prédateur, ils émettent un son bien particulier», en vue, selon les scientifiques, «d'avertir aussi bien le prédateur qu'il est démasqué et les autres singes qu'il y a danger». Ce son est ici «semblable à celui d'un humain qui bafouille».

La nouveauté que rapporte l'étude ici présentée est que des orangs-outans peuvent «émettre ce son après disparition du prédateur» ou, plutôt du faux prédateur, puisque pour le besoin de ce travail, «ce sont les chercheurs qui se sont déguisés en tigres, espérant forcer la réaction vocale des singes». Il est ainsi apparu que «les femelles (pour mieux protéger leurs petits ?) avaient tendance à attendre le départ du prédateur pour sonner l'alerte».

Ce serait là «la première preuve que des primates (autres que l'Homme) sauvages sont capables de 'parler' du passé». En fait, «ne pas répondre immédiatement à un stimulus est considéré comme un signe d’intelligence», car «c'est un talent qui va de pair avec d'autres capacités, comme la mémoire à long terme ou la communication intentionnelle plutôt qu'instinctive, et le contrôle précis des muscles laryngés qui ont conduit à l'évolution du langage».

En fin de compte, alors que «les chercheurs voyaient dans le fait de savoir discuter d'événements importants du passé, un simple élément cognitif constitutif du langage», cette étude laisse penser que cette capacité «pourrait s'inscrire dans l'évolution du langage lui-même».