• Archéologie: des structures de stalagmites aménagées par l'homme dans la grotte de Bruniquel, situées à 336 mètres de l'entrée, ont été datées d'environ 176500 ans!____¤201605

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Early Neanderthal constructions deep in Bruniquel Cave in southwestern France» ont été publiés dans la revue Nature, a permis de dater d'environ 176500 ans des structures aménagées dans la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), situées à 336 mètres de l'entrée.

     

    Surplombant la vallée de l'Aveyron, cette grotte, qui avait été découverte en février 1990, comporte un lac souterrain, des 'draperies translucides' et conserve «des sols intacts recelant de nombreux ossements et des dizaines de bauges d'ours avec d'impressionnantes griffades». En outre, «des structures originales composées d'environ 400 stalagmites, ou tronçons de stalagmites, accumulées et agencées en des formes plus ou moins circulaires» y ont été retrouvées, qui «sont associées à des témoins d'utilisation du feu : de la calcite rougie, noircie par la suie et éclatée par l'action de la chaleur, mais aussi des vestiges brûlés, notamment des os calcinés».

     

    En 1995, une datation au carbone 14 d'un os brûlé avait donné «un âge minimum d'au moins 47 600 ans (la limite de la technique), mais la recherche s'était arrêtée là. Il a donc fallu attendre l'année 2013 pour qu'une nouvelle série d'études et d'analyses soit lancée. Un relevé 3D des structures de stalagmites et un inventaire des éléments les constituant ont été faits. Comme «aucune autre structure de stalagmites de cette ampleur» n'était connue à ce jour, un nouveau concept a été développé «pour nommer ces stalagmites brisées et agencées»: le concept de 'spéléofacts'.

     

    Au nombre de 400, ces spéléofacts sont «des stalagmites agencées et bien calibrées qui totalisent 112 mètres cumulés et un poids estimé à 2,2 tonnes de matériaux déplacés». Ils sont composés «d'éléments alignés, juxtaposés et superposés (sur 2, 3 et même 4 rangs), avec des étais extérieurs, comme pour les consolider, et des éléments de calage». De plus, «des traces d'arrachement des stalagmites empruntées pour la construction sont observables à proximité».

     

    Comme «les sols alentour n'ont livré aucun vestige pouvant aider à dater cet ensemble», car une croûte épaisse de calcite fige les structures et dissimule le sol d'origine, «une méthode de datation appelée uranium-thorium (U-Th) basée sur les propriétés radioactives de l'uranium, omniprésent en faible quantité dans l'environnement» a été employée.



    Plus précisément, «pour construire ces structures, il a été nécessaire de fragmenter les stalagmites et de les transporter» de sorte qu'une fois abandonnées, «de nouvelles couches de calcite, comprenant aussi des repousses de stalagmites, se sont développées sur celles déplacées et édifiées par l'Homme»: ainsi, «en datant la fin de croissance des stalagmites utilisées dans les constructions et le début des repousses scellant ces mêmes constructions, les chercheurs sont parvenus à estimer l'âge de ces agencements, soit 176 500 ans, à ± 2000 ans». En outre, «un second échantillonnage de calcite, notamment sur un os brûlé, a permis de confirmer cet âge, étonnamment ancien».

     

    Par ailleurs, «l'étude magnétique, qui permet de révéler les anomalies occasionnées par la chaleur, a permis d'établir une carte des vestiges brûlés retrouvés dans cette partie de la grotte» indiquant que «ces feux représentent, a priori, de simples points d'éclairage».

     

    Comme l'âge de ces spéléofacts «est bien antérieur à l'arrivée de l'Homme moderne en Europe (- 40 000 ans)», on est conduit à penser que leurs auteurs seraient «les premiers hommes de Neandertal, pour lesquels la communauté scientifique ne supposait aucune appropriation de l'espace souterrain, ni une maîtrise aussi perfectionnée de l'éclairage et du feu, et guère plus des constructions aussi élaborées».



    En conséquence, cette étude qui «recule considérablement la date de fréquentation des grottes par l'Homme, la plus ancienne preuve formelle datant jusqu'ici de 38 000 ans (Chauvet)», place «les constructions de Bruniquel parmi les premières de l'histoire de l'humanité».

     

     


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