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Climatologie: le réchauffement océanique va participer au recul progressif des plateformes de glace le long de la péninsule Antarctique de l’Est au cours du prochain siècle!____¤201901
Une étude, dont les résultats intitulés «Ocean temperature impact on ice shelf extent in the eastern Antarctic Peninsula» ont été publiés dans la revue Nature Communications, révèle l’impact systématique et négatif du réchauffement océanique sur l’étendue des plateformes de glace en péninsule Antarctique de l’Est au cours des dernières décennies et des 9000 dernières années. Surtout, elle prévoit, en s’appuyant sur les scénarii les plus pessimistes du GIEC, que l’océan devrait continuer à se réchauffer et de ce fait, participer au recul progressif de ces plateformes le long de la péninsule au cours du prochain siècle.
Rappelons tout d'abord que «la péninsule Antarctique est l’une des régions les plus affectées par le réchauffement climatique actuel», puisqu'elle «a perdu au cours des 50 dernières années près de 75% de la surface de ses plateformes flottantes de glace qui constituent de véritables barrières à l’érosion par l’océan de la calotte continentale et, par conséquent, limitent l’élévation du niveau de la mer». Un exemple marquant est «l’effondrement du Larsen C qui, en 2017, a perdu entre 9 et 12% de sa surface totale (~6000 km2, l’équivalent de 55 fois la surface de Paris)».
Alors que «les causes de ces effondrements successifs, qui progressent vers le sud, ont été principalement attribuées à un réchauffement atmosphérique de près de 3°C depuis les années 60», le rôle joué par l’océan reste «encore mal connu, malgré le nombre croissant d’évidences montrant son impact majeur dans le retrait de ces plateformes dans d’autres zones autour de l’Antarctique».
Dans ce contexte, l'étude ici présentée a évalué «l’impact océanique sur les plateformes de glace en péninsule Antarctique de l’Est» en procédant par étapes. Ainsi, dans un premier temps, elle montre «que les principaux effondrements de ces plateformes au cours des dernières décennies coïncidaient systématiquement avec des augmentations conjointes et rapides de la température océanique (+0,3°C) et atmosphérique (+3°C)». Elle estime, eu égard à la capacité thermique de l’océan, «que les effets du réchauffement océanique sur ces débâcles glaciaires sont tout aussi importants que ceux de l’atmosphère».
Dans une seconde étape, «en l’absence de mesures directes au-delà des dernières décennies», l'étude a analysé géo-chimiquement des archives sédimentaires marines qui ont été «comparées aux données issues d’une carotte de glace située seulement à 50km» de JPC-38, le site étudié.
Elle montre alors, «grâce à ces reconstructions de températures couvrant les 9000 dernières années», que «la principale période au cours de laquelle l’ensemble des plateformes se sont fortement réduites en péninsule Antarctique de l’Est, entre 8200 et 6000 ans avant notre ère, s’est produite pendant un réchauffement océanique majeur (+1,5°C), tandis que l’atmosphère se refroidissait». De plus, il est apparu «que le réchauffement progressif de l’océan (+0,3°C) au cours des derniers milliers d’années a contrôlé de manière récurrente le retrait graduel des plateformes de glace de cette région».
Enfin, «à partir de ce constat», l'étude évalue «les évolutions possibles des températures océaniques et atmosphériques au cours du prochain siècle en se basant sur deux scénarii établis par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)».
Concrètement, «dans le cas du RCP2.6, l’augmentation des températures océanique et atmosphérique serait contenue et aurait un impact limité sur les plateformes de glace en péninsule Antarctique», tandis que «dans le cas du RCP8.5, l’augmentation des températures atmosphérique (+3°C) et océanique (+0,3°C) serait suffisante pour fragiliser encore plus ces plateformes de glace, jusqu’à pouvoir entraîner leur effondrement total au cours des prochaines décennies».
Au bout du compte, leur avenir est fonction du «respect ou non des Accords de Paris, et à ses objectifs de limiter le réchauffement climatique global à +2°C».
Tags : Climatologie, 2019, Nature Communications, réchauffement climatique, Antarctique, glace, carottes, Larsen C, océan, calottes, GIEC, Accord de Paris
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