• Géophysique: un énorme dépôt de sédiments, découvert au large de la Sicile, constitue la première preuve directe du remplissage du bassin oriental de la Méditerranée au Pliocène!____¤201804

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Evidence of the Zanclean megaflood in the eastern Mediterranean Basin» ont été publiés dans la revue Scientific Reports, rapporte la découverte au large de la Sicile d'un énorme dépôt chaotique de sédiments, qui constitue le premier élément de preuve directe du remplissage catastrophique du bassin oriental de la Méditerranée au tout début du Pliocène.

     

    Rappelons tout d'abord que la vision d'une Méditerranée asséchée avec «de vastes étendues, autrefois sous l'eau, exposées à l'air libre entre des lacs hypersalés similaires à la mer Morte» a été «bien réelle si l'on remonte quelque six millions d'années en arrière». En effet, «a la toute fin du Miocène, durant le Messinien», cette mer a été le théâtre d'un bouleversement géologique, «appelé crise de salinité messinienne», qui, à la suite de «la fermeture d'un passage au nord du Maroc (l'actuel détroit de Gibraltar), rompant la connexion entre la mer et l'océan Atlantique» a «provoqué l'évaporation massive de la Méditerranée».

     

    De plus, le seuil entre la Sicile et la Tunisie a émergé, créant un rebord naturel séparant la Méditerranée en deux bassins, ouest et est de sorte que, du côté occidental, le niveau marin aurait «baissé d'au moins quelques centaines de mètres» et «de 2.400 m du côté oriental». Ensuite, il y a «5,2 millions d'années, au tout début du Pliocène», une «méga-inondation», aurait mis fin à la crise messinienne.

     

    Plus précisément, à cette époque, «le détroit de Gibraltar s'est formé, laissant les eaux de l'océan Atlantique reconquérir la Méditerranée, en commençant par le bassin occidental avant de combler le bassin oriental lorsque le niveau marin a dépassé le seuil de Sicile», la violence de l''inondation étant si forte «qu'il aurait suffi de deux ans à peine pour remplir entièrement la mer». L'étude ici présentée vient conforter ce scénario-catastrophe en décrivant «un étrange dépôt de sédiments découvert au large de la Sicile», qui «repose contre l'escarpement de Malte, une immense falaise sous-marine».

     

    Plus précisément, ce dépôt chaotique a été retrouvé au pied du canyon de Noto, «qui a une forme particulière en J». Comme ce «monstrueux» canyon, «d'une vingtaine de kilomètres de long et de 6 km de large, extrêmement profond et en calcaire, une roche dure» a été érodé avec «énormément de violence» jusqu'à «des pentes de 70°», cette découverte constitue véritablement le «premier élément de preuve directe du remplissage du bassin oriental».

     

    En fait, «la cascade responsable de l'inondation du bassin méditerranéen oriental aurait mesuré 1,5 km de hauteur» et «en passant, les flots auraient raclé les sédiments des fonds marins, qui se sont déposés en aval, de l'autre côté de l'escarpement». Le dépôt de sédiments décrit dans l'étude, qui «est bordé sur son côté occidental par l'escarpement de Malte», couvre «une surface comparable à la Crète, avec 160 km de longueur sur 95 km de large» et «mesure entre 400 et 800 m d'épaisseur et celle-ci diminue plus on s'avance vers l'est, c'est-à-dire plus on s'éloigne de la falaise».

     

    Ce dépôt, «baptisé unité 2», a été repéré «lors d'une campagne d'imagerie sismique effectuée en 2013, à bord du Suroît, un navire de recherche océanographique de l'Ifremer». Enterré aujourd'hui sous le sol marin, il «est pris en sandwich entre deux strates sédimentaires bien identifiées : il se situe au-dessous des sédiments datés du Pliocène-Quaternaire (unité 1), période géologique qui suit le Messinien, et au-dessus d'une importante couche de sels caractéristique de la crise messinienne (unité 3)» (l'évaporation de la mer Méditerranée s'est accompagnée de la formation de dépôts de sels, appelés évaporites, sur 500 m à 1 km d'épaisseur).

     

    Indiquons pour finir qu'en ce qui concerne le côté occidental de la Méditerranée, «un tel dépôt chaotique ne semble pas exister, ou en tout cas pas à proximité, du détroit de Gibraltar», mais des études précédentes ont tout de même «permis d'identifier un grand canyon dans la zone».

     

     


    Tags Tags : , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :