• Médecine: les gènes de résistance aux antibiotiques se déplacent dans l'air et particulièrement dans l'air pollué de nos villes!____¤201808

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Global Survey of Antibiotic Resistance Genes in Air» ont été publiés dans la revue Environmental Science & Technology, a permis de montrer que les gènes de résistance aux antibiotiques (ARG, en anglais) se déplacent dans l'air et particulièrement dans l'air pollué de nos villes.

     

    Rappelons tout d'abord que «la pollution urbaine liée aux particules fines tue chaque année sept millions de personnes dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé». En particulier, ces particules, «en s'insérant dans les organes du corps via les alvéoles pulmonaires», seraient «en cause dans 29 % des morts par cancer du poumon, 25 % par accident vasculaire cérébral (AVC) et 43 % des maladies pulmonaires chroniques obstructives».

     

    Par ailleurs, certaines bactéries résistantes ont «la capacité de se transmettre leur matériel génétique par transfert horizontal de gènes (entre deux bactéries non parentes), ou via des éléments génétiques mobiles comme les intégrons, les transposons, les plasmides ou les prophages», des mécanismes par lesquels «des morceaux d'ADN s'insèrent dans n'importe quelle bactérie (y compris celles naturellement présentes dans notre corps) pour lui conférer une résistance aux antibiotiques».

     

    Dans ce contexte, l'étude ici présentée a analysé «l'air de vingt grandes villes (San Francisco, Paris, Zurich, Hong Kong, Pékin, Séoul...) pour y détecter la présence de 39 gènes de résistance à sept grands types d'antibiotiques». Il est ainsi apparu que «San Francisco est la ville la plus 'contaminée' avec une concentration en ARG 100 fois supérieure à celle de Bandung, en Indonésie».

     

    D'autre part, ce qui est plus étonnant, Tours (France) «est classée deuxième alors que Hong Kong, supposée plus polluée, est avant-dernière». Pékin, quant à elle, est «la ville avec la plus grande diversité de gènes résistants, avec 18 types d'ARG détectés, contre treize pour la ville de Tours ou six pour Zurich».

     

    En outre, il est «particulièrement alarmant» que «des gènes résistants à la vancomycine, pourtant considéré comme l'un des antibiotiques les plus puissants, ont été détectés dans l'air de cinq grandes villes dont Pékin, Paris et Johannesburg».

     

    Cette pollution d'un nouveau genre trouve son origine notamment dans les activités humaines comme «les hôpitaux, les usines de traitements d'eau usée, l’élevage intensif ou l'agriculture, des endroits où l'on utilise beaucoup d'antibiotiques, ce qui favorise les bactéries résistantes». De ce fait, «le niveau particulièrement élevé de contamination à San Francisco» pourrait être lié à «une forte consommation d'antibiotiques dans les hôpitaux de la ville» combinée à «l'absence de filtration des émissions adéquates de ces établissements».

     

    En fait, la pollution constitue un environnement favorable à la propagation de ces bactéries résistantes, car les particules fines en suspension permettent «aux microbes transportant les éléments génétiques mobiles de s'y 'accrocher'». Cette explication est renforcée par le constat «que la concentration en ARG est significativement plus élevée en été, où la pollution a tendance à stagner en ville».

     

    En conséquence, cette étude incite à prendre conscience de cette nouvelle pollution, alors que, jusqu'ici, «on se limite à mesurer l'ozone ou les particules fines, sans prendre en compte les éléments biologiques»: en effet, la dissémination de l'antibiorésistance par l'air représente «une vraie menace pour la santé humaine», puisqu'en Europe, «25.000 personnes décèdent chaque année de la résistance aux antibiotiques, selon le Centre européen de contrôle des maladies (ECDC)» tandis que «les règles d'hygiène habituelles» semblent impuissantes «face à la contamination aérienne».

     

     

     


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