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    Des travaux, dont les résultats ont été publiés le 27 septembre 2013 dans la revue Science, ont révélé, grâce aux mesures effectuées par l’instrument ChemCam à bord de Curiosity, une grande diversité chimique des grains les plus fins du sol martien, mais surtout le fait que les grains les plus riches en fer et magnésium sont hydratés. Ces mesures, couplées aux analyses des autres instruments de Curiosity, permettent de mieux comprendre la diversité chimique du sol martien, son hydratation, et sa relation avec le contexte géologique du cratère Gale et de Mars dans sa globalité.

     

    ChemCam, un spectromètre de plasma induit par laser (Laser Induced Breakdown Spectrometer) couplé à une caméra (Remote Microscopic Imager) «permet d’effectuer des analyses d'échelle submillimétrique de la composition chimique du sol martien». Il a analysé à distance, au cours des 100 premiers jours de la mission Curiosity, «environ 140 échantillons de sol, le long d’une traverse de près de 400 mètres». Une grande diversité chimique est apparue, associée à des tailles de grains différentes.

     

    Une première catégorie, à proximité du site d’atterrissage, correspond aux graviers les plus grossiers (quelques millimètres) «riches en silicium, aluminium et en alcalins (composition felsiques)». Elle semble résulter «de l’érosion mécanique de conglomérats d’origine fluviatile, vraisemblablement chariés depuis les bords du cratère Gale par la rivière Peace River» et son «type de composition n’avait pas encore été rencontré par les missions précédentes».

     

    Le deuxième pôle chimique, «plus riche en fer et magnésium (composition mafique), est quant à lui associé aux grains de sable les plus fins, que l’on retrouve incorporés dans tous les sols analysés, mais particulièrement dans les formations éoliennes». De composition chimique, «proche de celle des sols analysés dans d’autres régions par les rovers Sojourner, Spirit et Opportunity, et proche de la composition de la poussière atmosphérique», il se différencie des roches alentours suggèrant «soit des processus de mélange à l'échelle globale ayant homogénéisé les grains les plus petits du sol martien, soit la prépondérance de régions de composition basaltique similaire». De plus, cette «fraction fine des sols et la poussière atmosphérique étaient hydratées».

     

    Des analyses plus précises ont montré que «l’hydratation du sol fin est associée à une phase amorphe, et non pas à des phases cristallines hydratées». En extrapolant ces données à une échelle plus globale, il est possible d'expliquer «les variations de la teneur en hydrogène de la surface de Mars, mesurée depuis l’orbite pas la sonde Mars Odyssey», par «des proportions différentes de ce type de sol et de cette phase hydratée». Enfin, les analyses laissent penser que les échanges diurnes de vapeur d’eau avec l’atmosphère sont limités.

     

    En bref, l'hydratation, mise en évidence, «pourrait constituer une partie importante du réservoir d’eau présente à la surface de Mars et observée lors des missions précédentes» et l’origine de ce réservoir constitue l’une des clés de la compréhension de l’évolution du climat martien.

     

     


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    Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Geology, révèle l’existence d’un estuaire jamais recensé auparavant en Antarctique, qui rejoint l’océan sous la barrière de Ross : située sous l’extrémité distale du courant glaciaire Whillans, cette embouchure, «où les mouvements du fleuve (ici composé d'eaux sous-glaciaires) sont impactés par ceux de l’océan», se caractérise «par un milieu où des eaux douces et salées se mélangent à divers degrés».

     

    Selon les mesures sismiques réalisées, l'estuaire ferait jusqu’à 1 km de large, pour une profondeur de 7 m. Comme «en février dernier, des bactéries ont été découvertes dans le lac Whillans, sous 800 m de glace», la question se pose maintenant de savoir si la zone de cet estuaire, est vraiment riche en biodiversité: ainsi, un forage, sous environ un kilomètre de glace, «est prévu lors d’une expédition scientifique qui sera menée cette année».

     

    De façon plus générale, la découverte de cette embouchure ouvre le début d’une nouvelle phase d'exploration de l'Antarctique en vue de «rechercher d'autres estuaires et ainsi d'approfondir nos connaissances sur le réseau hydrologique de ce territoire».

     

     

     


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    Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Icarus, indique, grâce à des simulations numériques, qu’un dépôt probablement d’origine évaporitique au fond de lacs asséchés de Titan pourrait être une couche riche en butane et acétylène à l’état solide.

    Titan, le principal satellite de Saturne, qui «est un monde cryogénique où la température de surface est constamment aux environs de 90 kelvins (-183°C)», présente «une géologie dynamique et une chimie organique complexe»: par exemple, «en 2007, grâce au RADAR de CASSINI, de grands lacs d’hydrocarbures ont été découverts dans les régions polaires», et «on trouve également des lits de lacs asséchés». En outre, «des périodes d'averses de méthane, conduisant au remplissage des lacs, sont suivies par des périodes plus sèches pendant lesquelles une évaporation significative peut avoir lieu».

    Dans ce contexte, «des simulations numériques prenant en compte les résultats des modèles d'atmosphères, l'évaporation du méthane, de l'éthane et de l'azote dissout», ont conduit «à prédire l'existence d'une couche superficielle riche en butane et acétylène, tous les deux à l'état solide»: en effet, l'influence de nombreux paramètres a été testée et les résultats se sont montrés robustes.

    Il apparaît ainsi qu'outre l'intérêt en soi de l'aspect géochimique nouveau de ces formations évaporitiques, se dessine une perspective de chimie organique à la surface de Titan, qui peut conduire à imaginer, de façon très spéculative, «des formes de vie dont le métabolisme pourrait être entretenue par l'énergie libérée lors de la réaction de l'acétylène et de l'hydrogène présent dans l'atmosphère».

     


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    Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Plos One, révèle qu'un médicament circulant déjà sur le marché, dont le principe actif est l’imiquimod, possède des vertus antiprions. Cette découverte ouvre une voie de «traitement contre les pathologies à prions, comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob, la cousine humaine de la maladie de la vache folle».

     

    Depuis la découverte du prion en 1982, de nombreuses recherches se sont développées pour en connaître l’origine et le mode d’action. Cette molécule, qui dérive d’une protéine qui existe à l’état naturel chez tous les mammifères, peut, pour une raison inexpliquée, devenir nocive en se repliant et changeant de forme. Elle s’accumule alors dans le cerveau et provoque la mort progressive des neurones.

     

    L'identification de ce médicament a été faite en partant d'expériences sur la levure de boulanger, Sacharamyces cerevisiae, un micro-organisme possédant des prions complètement inoffensifs. Les molécules testées sur cet organisme unicellulaire ont permis de constater que l’imiquimod, employé pour traiter certains cancers de la peau et des infections virales, réduisait la présence de prions dans les cellules. Ensuite, cette activité antiprion a été confirmée pour les cellules de mammifères. Il est enfin apparu que l’imiquimod, injecté à des souris contaminées, était capable d’inhiber le développement des prions.

     

    Ces travaux se sont poursuivis par la mise au point d'une nouvelle voie de synthèse de l’imiquimod, dont la production était jusque-là difficile et coûteuse. De plus, trois composés proches de l’imiquimod, qui présentent une activité antiprion, ont été élaborés, mais l’imiquimod reste pour l'instant, la molécule la plus active.

     

     


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    Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue New Journal of Physics, montre que la nature offre à l'Homme, avec la paroi d'Amphipleura pellucida, une algue marine unicellulaire de la famille des diatomées, des réseaux de diffraction faciles à utiliser et bon marché: en effet, épaisse de 90 nm, cette paroi est criblée régulièrement de pores distants d'environ 200 nm.

    Les expériences d’interférence et de diffraction pour étudier le monde quantique sont souvent délicates et coûteuses. Depuis celles avec des faisceaux d’électrons, faites en 1927 par Davisson et Germer, on en réalise avec des objets de plus en plus gros comme récemment «avec des faisceaux moléculaires formés de molécules de phtalocyanine, un colorant bleu-vert couramment utilisé»: ces molécules, «environ un million de fois plus massives que l'électron», peuvent être facilement détectées sur un écran, car elles sont fluorescentes lorsqu'elles sont éclairées par un laser.

    En utilisant Amphipleura pellucida, qui est, comme toutes les diatomées, entourée d'une paroi en silice, le frustule, des figures de diffraction avec des faisceaux moléculaires ont pu être obtenues. Il faut cependant remarquer qu'au début, «la figure de diffraction obtenue ne semblait pas conforme aux calculs théoriques»: en effet, la gravité n’étant plus négligeable dans ce type d’expérience, la figure de diffraction avait des caractéristiques en 1D au lieu des 2D attendues. De plus, les forces de van der Waals entre les molécules du faisceau et celles de la paroi de l’algue au niveau des pores n'étant pas négligeables non plus, pourraient expliquer d’autres anomalies.

    Ce type de recherche devrait permettre d'en savoir plus sur les conditions qui font émerger le monde de la physique classique et celui de la physique quantique.

     


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