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Une étude, dont les résultats intitulés «Cosmochemical implications of CONSERT permittivity characterization of 67P/CG» sont publiés dans la revue MNRAS, a permis pour la première fois, grâce aux mesures de l’expérience CONSERT de la mission Rosetta, d’observer l’intérieur d’une comète et d’estimer la composition moyenne du noyau. Elle montre que les comètes sont principalement composées de poussières riches en matériau carboné.
Rappelons tout d'abord que «le radar bistatique CONSERT, installé sur la sonde Rosetta et sur l’atterrisseur Philae avait exploré l’intérieur d’un noyau cométaire, plus exactement le petit lobe du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, en novembre 2014». Ces mesures avaient permis d'établir (Kofman et al, Science, 2015), à partir de la vitesse de propagation des ondes dans ce milieu, «que la constante diélectrique moyenne est de (1,27 ± 0,5), ce qui n’est que peu supérieur à 1, la constante diélectrique du vide».
Il résulte de «cette très faible valeur» que «le milieu est extrêmement poreux, comme le confirme sa faible masse volumique (de l’ordre de 0.53 g cm-3, Sierks et al, 2015, Pätzold et al., 2016). Plus précisément, «compte tenu du rapport massique poussières / glaces élevé de 2 à 6 (Rotundi et al., 2015), la porosité estimée est de l’ordre de 80% (Kofman et al, Science, 2015)».
L'étude ici présentée s’appuie «sur une interprétation plus précise de la constante diélectrique du noyau (proche de 1,27) à partir de mesures en laboratoire de la permittivité de glaces (d’eau, de monoxyde et de dioxyde de carbone) et de minéraux ainsi que d’analogue de matériaux cométaires (Brouet et al., 2016 ; Herique et al, 2002 ; Heggy et al., 2012)». Elle «utilise les formules de mélanges de matériaux diélectriques ainsi que les estimations de la densité et du rapport poussières / glaces» pour montrer que la fraction réfractaire doit avoir «une permittivité faible pour pouvoir expliquer la constante diélectrique mesurée par CONSERT».
Ces informations nouvelles «permettent d’exclure que les particules de poussière cométaire aient une composition essentiellement minérale» et «les modèles proposés pour la composition de l’intérieur du noyau» conduisent à affirmer «que la matière carbonée est largement présente, correspondant jusqu’à 75% en volume dans la composition des poussières».
Ces résultats, qui «changent de la vision classique d’une comète 'boule de neige sale'», suggèrent «que la comète cible de la mission Rosetta (et probablement aussi les autres comètes) présente une fraction considérable de matériau carboné au niveau de ses poussières», ce qui «renforce sensiblement les hypothèses selon lesquelles la composante réfractaire des comètes, par sa composition et sa structure, aurait pu contribuer à l'émergence de la vie sur Terre».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Antisaccades in Parkinson disease: A new marker of postural control?» ont été publiés dans la revue Neurology, a permis, en se penchant sur les troubles oculaires, d'identifier un nouveau marqueur potentiel du contrôle postural dans la maladie de Parkinson.
Comme «certains patients atteints de la maladie de Parkinson présentent des dysfonctionnements au niveau de mouvements volontaires des yeux, les 'antisaccades'», l'étude ici présentée a testé la marche et l’équilibre «chez 30 patients parkinsoniens avec ou sans troubles du contrôle postural et 25 sujets sains» en enregistrant «l’initiation de la marche et le mouvement des yeux», tandis qu'en parallèle, ont été analysées «les interactions entre deux régions cérébrales: la région oculomotrice frontale, jouant un rôle important dans l’attention visuelle et les mouvements des yeux, et la région locomotrice mésencéphalique, largement impliquée dans le contrôle de la posture et des mouvements oculaires».
Il est ainsi apparu «que les patients avec des troubles de la posture présentent également un temps de réaction anormal (latence) des mouvements volontaires des yeux». De plus, «cette anomalie est corrélée à une variation des paramètres lors de l’initiation du pas, notamment de la durée des ajustements posturaux anticipatoires, mécanismes mis en place par le système nerveux central pour maintenir l’équilibre en position debout lors de l’exécution de mouvements volontaires».
Alors que l'analyse «des interactions cérébrales entre la région oculomotrice frontale et la région locomotrice mésencéphalique révèle, chez les sujets sains, une corrélation entre les connexions fonctionnelles de ces régions et la latence des mouvements volontaires des yeux», cette association disparaît «lorsque les patients sont atteints de la maladie de Parkinson». Ces observations suggèrent «une atteinte étendue de la région mésencéphalique dans la maladie, qui est impliquée à la fois dans le contrôle de la posture et des mouvements des yeux».
Il en résulte que «l'allongement du temps de réaction des mouvements des yeux ou 'antisaccades', un paramètre simple et fiable, pourrait constituer un marqueur pronostic du contrôle postural dans la maladie de Parkinson et être utilisé pour l’évaluation des patients dans de futures études longitudinales».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Neanderthal behaviour, diet, and disease inferred from ancient DNA in dental calculus» ont été publiés dans la revue Nature, révèle à partir de l'analyse du tartre dentaire de quatre fossiles d'hommes de Néandertal retrouvés en Belgique (grotte de Spy) et en Espagne (site d'El Sidron), que l'homme de Néandertal, notre cousin disparu, se soignait déjà à 'l'aspirine' il y a 48.000 ans, en mangeant du peuplier qui libère une substance aux propriétés anti-inflammatoires et antalgiques.
Rappelons tout d'abord que la plaque dentaire, qui est un véritable attrape-tout puisqu'elle «capture les micro-organismes de la bouche, les agents pathogènes de l'appareil respiratoire et digestif mais aussi de petits morceaux de nourriture coincés dans les dents», se transforme en tartre «lorsqu'elle se minéralise sur les dents». De ce fait, «l'analyse génétique de l'ADN 'enfermé' dans la plaque dentaire représente une fenêtre unique sur le mode de vie de l'homme de Néandertal».
Les fossiles d'hommes de Néandertal analysés dans le cadre de cette étude «ont entre 42.000 et 50.000 ans». Les renseignements surprenants découlent de l'analyse «du tartre dentaire d'un jeune adulte néandertalien trouvé dans la grotte d'El Sidron (nord-ouest de l'Espagne)» qui «souffrait d'un abcès dentaire encore visible sur sa mâchoire» et qui était aussi «affecté par un parasite intestinal (Enterocytozoon bieneusi) qui provoque des diarrhées sévères».
Il apparaît que ce malade «mangeait du peuplier, dont les bourgeons sont "réputés pour contenir des concentrations élevées d'anti-inflammatoires ou antalgiques, comme notamment la salicine, métabolisée en acide salicylique (aspirine) par notre foie». De plus, «l'ADN de la moisissure Penicillium, qui produit naturellement l'antibiotique pénicilline, est également présent» dans son tartre.
Cette analyse ADN corrobore ainsi «une étude parue en 2012 dans la revue Naturwissenschaften qui évoquait la possibilité que l'homme de Néandertal se soit servi de plantes médicinales comme la camomille ou la millefeuille pour se soigner» en s'appuyant «sur l'analyse chimique du tartre de fossiles de Néandertaliens retrouvés là aussi à El Sidron».
D'autre part, l'étude ici présentée a effectué «le séquençage presque complet d'une bactérie très similaire au Methanobrevibacter oralis, qui provoque des parodontites (l'infection de la gencive et du tissu osseux)». Ce génome, «vieux de 48.000 ans», devient de ce fait le «plus vieux génome microbien à avoir été décrypté».
L'étude illustre enfin «la diversité des régimes alimentaires de l'homme de Néandertal suivant la région où il vivait et le type de nourriture disponible». Alors qu'en Belgique, «les Néandertaliens de la grotte Spy mangeaient du rhinocéros laineux et des mouflons, accompagnés de champignons» (dans ce environnement de steppes, «les gros animaux herbivores représentaient pour eux une source majeure d'aliments»), plus au sud, le régime des hommes de Néandertal du site d'El Sidron (qui «vivaient dans une forêt dense à l'époque») était «largement composé de champignons, de pignons de pin et de mousses, plutôt que de gros gibier». Cela signifie «que la population belge était chasseuse et cueilleuse, alors que la population espagnole était juste cueilleuse».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Dust in the Reionization Era: ALMA Observations of a z =8.38 Gravitationally-Lensed Galaxy» sont publiés dans la revue The Astrophysical Journal Letters et disponibles en pdf, a permis de détecter, grâce au Vaste Réseau (Sub-)Millimétrique de l’Atacama (ALMA), une importante quantité de poussière d’étoiles au sein d’une galaxie qui nous apparaît telle qu’elle était lorsque l’Univers était encore jeune (4% de son âge actuel).
En effet, cette galaxie, référencée A2744_YD4, «nous apparaît telle qu’elle était lorsque l’Univers n’était âgé que de 600 millions d’années, époque à laquelle les premières étoiles et les premières galaxies se formèrent»: cette évaluation a été confirmée par «des observations de suivi effectuées au moyen de l’instrument X-shooter» installé sur le VLT, ce qui fait que cette galaxie «est la plus jeune et la plus lointaine détectée à ce jour par ALMA».La détection de cette abondante poussière démontre «que les premières supernovae avaient déjà pollué cet environnement galactique». Cette poussière cosmique «est principalement composée de grains de silicium, de carbone et d’aluminium, dont le diamètre n’excède pas le millionième de centimètre». Alors qu'aujourd’hui, ces éléments sont partout présents, aux premiers instants de l’Univers, ils étaient rares, «la première génération d’étoiles n’ayant pas encore amorcé la phase explosive finale».
C'est un effet de lentille gravitationnelle qui a rendu possible ces observations: plus précisément, c'est la présence sur la ligne de visée «d’un amas de galaxies particulièrement massif catalogué Abell 2744» qui a permis de 'magnifier' «la galaxie A2744_YD4 située à une distance 1,8 fois supérieure».
Par ailleurs, une émission d’oxygène ionisé a été détectée au sein de la galaxie A2744_YD4, grâce à ALMA: il s’agit là «de la détection la plus lointaine, et donc la plus ancienne, d’oxygène dans l’Univers, qui supplante un autre résultat d’ALMA datant de 2016».
L'étude indique que la quantité de poussière contenue dans la galaxie A2744_YD4 «avoisinait les 6 millions de masses solaires» alors que «la masse stellaire totale de la galaxie (soit la somme des masses de l’ensemble des étoiles qu’elle renfermait) équivalait à 2 milliards de masses solaires». De plus, l'évaluation du taux de formation stellaire au sein de A2744_YD4 indique que «les étoiles naissaient au rythme annuel de 20 masses solaires (contre une masse solaire par an au sein de la Voie Lactée)».
Ce taux laisse penser que «la formation significative d’étoiles au sein de cette galaxie» a débuté «quelque 200 millions d’années avant l’époque à laquelle nous l’observons aujourd’hui». Cette étude ouvre ainsi une fenêtre sur la période 'd’allumage' des premières étoiles et galaxies.
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Une étude, dont les résultats intitulés «The functional origin of dinosaur bipedalism: Cumulative evidence from bipedally inclined reptiles and disinclined mammals» ont été publiés dans la revue de Journal of Theoretical Biology, aboutit à la conclusion que c'est à cause de leur queue puissante que, pour courir plus vite, les ancêtres des dinosaures sont devenus bipèdes.
Rappelons tout d'abord qu'au Trias, il y a plus de deux cents millions d'années, les ancêtres des Tyrannosaurus rex (T. rex) étaient bipèdes. Afin de déterminer la raison pour laquelle ces 'protodinosaures' ont abandonné la quadrupédie, l'étude ici présentée a fait appel à la biomécanique.
Cette analyse fait apparaître que, comme «les protodinosaures avaient des muscles caudaux très puissants et très lourds», ce contrepoids «a permis à ces animaux de petite taille de se redresser pour courir». De plus, cette étude souligne que l'hypothèse précédente, stipulant «que ces protodinosaures avaient libéré leurs membres antérieurs pour capturer des proies» ne tient pas, car «la plupart étaient herbivores».
Le scénario privilégié est que les protodinosaures, qui étaient au départ quadrupèdes, «comme Asilisaurus kongwe, qui vivait il y a 243 millions d'années» devaient «parfois se relever sur leurs pattes arrière pour courir, comme le font aujourd'hui certains lézards». Comme «la vitesse devait alors être plus grande», elle leur a conféré «un avantage adaptatif pour fuir les prédateurs». De son côté, «la régression de la taille des membres antérieurs» les aurait allégé, «leur permettant aussi d'accroître leurs performances à la course».
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