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    Une étude, dont les résultats intitulés «Evidence for Eocene–Oligocene glaciation in the landscape of the East Greenland margin» ont été publiés dans la revue Geology, a permis, à partir de données thermochronologiques et de l’analyse morphologique du paysage, de confirmer l’apparition il y a environ 30 millions d’années de la calotte glaciaire du Groenland.

     

    Rappelons tout d'abord que «si nous connaissons aujourd’hui une Terre partiellement recouverte de glace, notamment au niveau des pôles, cela est étroitement lié au refroidissement majeur du climat ayant eu lieu au cours des 50 derniers millions d’années, entrainant une chute d’une dizaine de degrés de la température moyenne de l’air à la surface de la Terre».

     

    Soulignons toutefois que «tous les glaciers et calottes n’ont pas le même âge»: par exemple, «la calotte Antarctique est datée à 34 millions d’années alors que les glaciers des Alpes sont apparus il y a 'seulement' quelques millions d’années». Cependant, en ce qui concerne la datation de la mise en place de la calotte du Groenland, l'incertitude est telle que les dates de mise en place proposées varient «entre 5, 18, 34 voire 45 millions d’années».

     

    Il en est ainsi parce que, à la différence de la calotte Antarctique où «de nombreux indices géologiques, géochimiques et géochronologiques permettent de dater» sa mise en place, pour celle du Groenland, l'indice le plus tangible de l’apparition des glaces «est la découverte en 2007, dans une carotte sédimentaire marine, de débris d’érosion glaciaire datés entre 38 et 30 millions d’années et retrouvés à plus de 300 kilomètres à l’est des côtes du Groenland».

     

    Afin de trancher cette question, l'étude ici présentée s'est intéressée aux fjords de l'Est du Groenland, où se trouvent les plus hauts reliefs du Groenland, car ces fjords «sont des vallées creusées par érosion glaciaire en bordure de calotte, indiquant ainsi de manière caractéristique la présence de glace». Il s'en suit qu'en datant la formation de ces fjords, on date la présence de la calotte glaciaire.

     

    Une expédition de terrain a donc été menée «pour prélever des échantillons de roches sur les parois de 16 fjords situés dans l’Est du Groenland (entre 68 et 76° N de latitude)». L'analyse de ces échantillons a été faite par des méthodes de thermochronologie qui «permettent de dater l’âge auquel une roche se refroidit en dessous d’une température dite 'de fermeture' (de l’ordre de 50 à 130 °C), et en outre, de déterminer son refroidissement jusqu’à la surface». On peut ensuite «déduire la vitesse à laquelle les roches refroidissent lorsqu’elles remontent à la surface de la Terre, en réponse aux processus d’érosion» et «estimer la vitesse de cette érosion».

     

    Il a ainsi été détecté «une accélération marquée de l’érosion autour de 30 millions d’années (avec une incertitude de plus ou moins 5 millions d’années)». Cette indication est «renforcée par l’observation que la nature des roches érodées pour former les fjords, majoritairement d’origine magmatique, est identique à celle des débris glaciaires retrouvés en mer et datés entre 30 et 38 million d’années».

     

    Comme «cette accélération de l’érosion vers 30 millions d’années est synchrone d’une phase de refroidissement très marquée du climat à la transition Eocène-Oligocène», elle illustre «les liens de causalité entre refroidissement climatique, développement de la calotte glaciaire et érosion des fjords à l’Est du Groenland».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Compression and ablation of the photo-irradiated molecular cloud the Orion Bar» sont publiés dans la revue Nature, a permis, en combinant les informations issues de l'interféromètre ALMA et du radiotélescope de 30m de l'IRAM, d'obtenir l'image la plus détaillée à ce jour de la barre d'Orion, qui délimite la frontière entre matière diffuse et matière dense dans la région de formation d'étoiles massives la plus proche de la Terre.

     

    Rappelons tout d'abord que la grande nébuleuse d'Orion, «localisée à l'extrémité de l'épée de la constellation d'Orion» est intéressante à photographier, car «la grande variété de couleurs des images obtenues» résulte de l'interaction «de l'intense rayonnement dans le domaine ultraviolet (UV) produit par les étoiles massives rassemblées dans l'amas dit du Trapèze» avec la matière interstellaire.

     

    En fait, comme l'amas du Trapèze, «situé à une distance de 1350 années-lumières de la Terre», est «la région de formation d'étoiles massives la plus proche», cette région est étudiée par les astrophysiciens «pour percer les secrets de la formation de ces étoiles lumineuses, qui produisent un rayonnement 200 000 fois plus intense que celui du soleil».

     

    Alors que, jusqu'ici, «nous avions une vision statique des phénomènes qui influencent la matière dans cette région de transition à cause de la faible résolution angulaire de la précédente génération de radiotélescopes», le changement est radical avec ALMA, car il peut être obtenu «une image de très grande sensibilité et avec une précision de 1 seconde d'arc, l'angle sous lequel le système solaire serait vu, s'il était placé à la même distance que Orion» .

     

    Cependant, à cause du défaut de l'interférométrie, (la technique utilisée par ALMA pour atteindre cette résolution), il y a «une réduction de la sensibilité pour les structures présentant un faible contraste avec le fond». C'est pour cela que, «pour corriger ce biais qui affecte l'image en supprimant des informations importantes», des observations ont été réalisées «avec le grand radiotélescope de 30m de diamètre de l'IRAM» et ont été «combinées de manière optimale avec celles résultant de l'interféromètre ALMA».

     

    Ainsi, grâce à «la combinaison des deux jeux de données», il est apparu «que le bord du nuage moléculaire est composée de filaments très fins et de petit globules, organisés en structures plus ou moins périodiques».

     

    Alors que, dans une vision statique, on s'attend à ce que «le rayonnement UV intense émis par les étoiles du Trapèze détruise les molécules et ionise les atomes», l'explication de cette structure dans le cadre d'une vision dynamique, est que «le surplus d'énergie apporté par le rayonnement UV produit un choc qui comprime le bord du nuage moléculaire et conduit à la formation de filaments et globules dans le gaz qui reste moléculaire».

     

    En conséquence, «cette couche de matière comprimée devrait contribuer à protéger le nuage moléculaire de l'effet destructeur du rayonnement UV» de sorte que «derrière ce mur, la température du gaz décroît rapidement, le nuage peut évoluer tranquillement et former une nouvelle génération d'étoiles».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Mice produced by mitotic reprogramming of sperm injected into haploid parthenogenotes» ont été publiés dans la revue Nature, a permis, pour la première fois, de faire naître des souris en injectant du sperme dans une cellule qui n'est pas un ovule, une méthode qui ouvre des perspectives en matière de procréation médicalement assistée, car jusqu'ici on pensait que seul un ovocyte était capable d'activer le sperme pour rendre possible le développement de l'embryon.

     

    Plus précisément, les embryons en question ont été obtenus en injectant du sperme dans des cellules particulières, appelés parthénotes, provenant de la stimulation chimique d'un ovule «pour qu'il commence le processus de division cellulaire sans intervention de spermatozoïdes».

     

    Par cette méthode, dans 24% des cas, des souris vivantes ont pu naître et ces bébés souris, qui «sont devenues des adultes fertiles», ont eu «une espérance de vie normale». Autrement dit, l'étude ici présentée montre «que l'activation du génome paternel contenu dans le sperme, opération qui déclenche la formation de l'embryon», peut s'effectuer «à un stade plus tardif qu'anticipé au départ, pas seulement dans l'ovocyte».

     

    En conséquence, on peut envisager d'utiliser les parthénotes dans la reproduction médicalement assistée «ce qui permettrait de moins dépendre des ovocytes, dont la collecte est très contraignante», car, si, pour l'instant, «on est obligé de partir d'un ovocyte pour fabriquer ce parthénote, on peut imaginer qu'on pourra s'en passer à l'avenir, en les produisant par exemple à partir de cellules de peau».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «High-performance bio-piezoelectric nanogenerator made with fish scale» ont été publiés dans la revue Applied Physics Letters, a permis de réaliser des générateurs d'électricité miniatures, en vue d'alimenter à bon marché des appareils implantés dans le corps, en prenant comme matière première les écailles de poissons récupérées parmi les déchets d'un atelier de préparation du poisson et en leur faisant subir un traitement consistant en une déminéralisation qui les rend transparentes.

     

    Cette capacité de produire de l'électricité découle de ce que les nanofibres de collagène (une protéine animale bien connue) étant alignées dans les écailles, «présentent de ce fait des propriétés piézoélectriques» de sorte qu'elles «génèrent de l'électricité quand elles sont déformées ou quand elles vibrent sous l'effet d'un son ou du vent».

     

    L'étude ici présentée a observé de près les propriétés électriques de ces écailles par spectrométrie X et mis en lumière «un comportement avec une polarité stable»: ainsi, ont été mesurés «une tension allant jusqu'à 4 volts par écaille et un débit de courant de 1,5 μA (micro-ampère)».

     

    De plus, il a été établi que la puissance disponible était «de 1,14 μW par cm2 (obtenue sous une compression de 0,17 MPa)» (pour illustrer les capacités de ce type de générateurs, on peut signaler que quatre écailles disposées en série, produisant une tension de 14 V, «ont pu allumer plus de 50 LED bleues»).

     

    Notons que si ce générateur, tout à fait expérimental, n'est pas en mesure d'alimenter les smartphones encore «gourmands en énergie», dans le secteur médical, il pourrait devenir, grâce aux seuls mouvements du corps, une source d'alimentation pour les Microsystèmes électromécaniques * (acronyme anglais MEMS pour Microelectromechanical systems) injectés dans le sang en vue de «transporter des molécules ou effectuer des mesures, tels des sous-marins miniatures».

     

     

    Lien externe complémentaire (source Wikipedia)

    Microsystèmes électromécaniques (MEMS)

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Specific frontal neural dynamics contribute to decisions to check» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de lever une part du mystère concernant les vérifications à répétition des patients atteints de TOC (troubles obsessionnels compulsifs) en dévoilant qu'une zone du cerveau appelée cortex cingulaire constitue le 'chef d'orchestre de la vérification'.

     

    Pour parvenir à identifier cette zone, l'activité de 411 neurones dans deux régions du cortex frontal de macaques, a été enregistrée: ces régions «connues pour leur implication dans la prise de décision sont le cortex cingulaire moyen et le cortex préfrontal latéral.

     

    L'expérience consistait à inviter les singes à faire une vérification dans le cadre du protocole suivant: «à chaque essai, l'animal peut choisir soit de travailler à une tâche de mémorisation visuelle, soit de vérifier une jauge qui indique combien de temps il faut attendre avant de pouvoir récupérer une récompense (en l'occurrence, du jus de fruit)» sachant que la jauge grimpe en enchaînant correctement les étapes de la tâche de mémorisation.

     

    Il est ainsi apparu que «lorsque les macaques vérifient le niveau de la jauge, les neurones du cortex cingulaire s'activent, puis, environ 500 millisecondes plus tard, ceux du cortex préfrontal latéral, zone située plus en amont du cerveau».

     

    De plus, il a été possible à l'aide d'outils statistiques de pointe «capables d'analyser en détail l’information contenue dans les décharges neuronales», de «prédire correctement l'imminence d'une vérification... jusqu'à une seconde avant que les singes effectuent le mouvement pour vérifier le niveau de la jauge» (il faut souligner «que ces voies neuronales sont différentes de celles intervenant dans d'autres types de décisions, par exemple lorsque les macaques décident d'appuyer sur un bouton pour répondre à une question du test de mémoire visuelle»).

     

    Comme «un dérèglement du mécanisme cérébral découvert pourrait expliquer les vérifications à répétition des patients atteints de TOC» du fait que, par ailleurs, certaines études ont montré «une altération du cortex cingulaire chez ces malades», ces résultats ouvrent «de nouvelles pistes pour traiter les TOC (troubles obsessionnels compulsifs), touchant 2 à 3 % de la population».

     

     


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