-
Une étude, dont les résultats intitulés «Ancient drug curcumin impedes 26S proteasome activity by direct inhibition of dual-specificity tyrosine-regulated kinase 2» ont été publiés dans la revue PNAS, a permis de décrire comment la curcumine se lie à une enzyme appelée DYRK2, ce qui affecte le fonctionnement du protéasome (*).
Rappelons tout d'abord que la curcumine, qui «est l'ingrédient actif de Curcuma longa, le curcuma, l'une des épices souvent présente dans le curry» est «utilisée dans la médecine traditionnelle depuis des siècles» et «existe aussi sous forme de compléments alimentaires».Si «des milliers de publications scientifiques décrivent ses bénéfices dans différents domaines» (cancer, troubles neurologiques, infections, etc.), jusqu'ici, le mécanisme expliquant ces bienfaits restait peu clair. Cependant, «certains chercheurs ont émis l'hypothèse que la curcumine soit un inhibiteur du protéasome, un ensemble de protéines qui détruisent les protéines usagées ou inutiles de la cellule».
Dans ce contexte, l'étude ici présentée révèle, grâce à la cristallographie, «que la curcumine se lie fortement au site actif de DYRK2» au moyen des liaisons hydrogènes et hydrophobes, de sorte qu'elle inhibe la kinase DYRK2, «ce qui diminue la phosphorylation réalisée par le protéasome dans les cellules».
Ainsi, «cette activité réduite du protéasome gêne la prolifération cellulaire, ce qui devrait réduire la progression du cancer»: en particulier, «in vivo, un traitement à la curcumine réduit de manière significative le volume d'une tumeur greffée chez la souris».
En fin de compte, cette étude, qui révèle un «rôle inattendu de la curcumine dans l'inhibition du complexe DYRK2-protéasome», suggère «de nouvelles pistes pour traiter certains cancers, comme le cancer du sein triple négatif et le myélome multiple», l'objectif principal étant «de développer un composé chimique qui peut cibler DYRK2 chez les patients atteints de ces cancers».
En outre, il faut souligner que «la curcumine agit en synergie avec un inhibiteur du protéasome, le carfilzomib, ce qui favorise l'apoptose (la mort cellulaire programmée) dans des cellules cancéreuses». Plus précisément, «en combinaison avec ce médicament, la curcumine induit une mort cellulaire plus élevée chez les cellules cancéreuses, tandis que les cellules non-cancéreuses sont moins affectées».
Notons néanmoins, que la curcumine est, en général, «expulsée du corps assez rapidement». De ce fait, «pour que la curcumine soit un médicament efficace, elle doit être modifiée pour entrer dans la circulation sanguine et rester suffisamment longtemps dans le corps pour cibler le cancer».
Comme «en raison de divers inconvénients chimiques, la curcumine seule peut ne pas être suffisante pour inverser complètement le cancer chez les patients humains», cette étude propose donc en résumé, «pour lutter contre des cancers», de «cibler les protéines qui contrôlent le protéasome comme DYRK2, en combinaison avec des inhibiteurs de protéasome».
Lien externe complémentaire (source Wikipedia)
(*) Protéasome
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Electric Fields Elicit Ballooning in Spiders» ont été publiés dans la revue Current Biology, a permis de déterminer que le gradient de potentiel atmosphérique (APG, selon le sigle anglais) peut expliquer pourquoi les araignées-ballons (*) qui sont capables d’être transportées sur des milliers de kilomètres en libérant des traînées de fils de soie qui les propulsent vers le haut, un comportement observé en présence de vent, peuvent également y arriver quand celui-ci est absent ou quand le ciel est couvert voire pluvieux.
Indiquons tout d'abord que le gradient en question, «toujours présent dans l’atmosphère», est «un phénomène déjà connu mais peu évoqué»: plus précisément, il s'agit d'un «circuit électrique naturel, produit et maintenu par les orages à travers le monde, qui équivaut à une différence de potentiel [une tension] de 250 kV environ entre le sol et l’ionosphère [couche supérieure de l’atmosphère]».
Le phénomène qui «correspond à des champs électriques statiques et n’a donc rien à voir avec les ondes électromagnétiques, utilisées par la radio, la télévision ou la téléphonie mobile», a une intensité qui «varie en fonction des conditions météorologiques locales».
Alors que «les bourdons et les abeilles l’utilisent pour repérer des fleurs ou communiquer avec leur ruche, les araignées de la famille des Linyphiidae (**) le détectent grâce aux poils recouvrant les métatarses de leurs pattes (les trichobothries)» pour stimuler un processus «qui consiste à libérer des traînées de fils de soie et, par la même occasion, à se propulser vers le haut» comme l'atteste l'étude ici présentée.
L'expérience a consisté à placer «des araignées Linyphiidae dans une boîte en polycarbonate limitant le mouvement de l’air» et à les exposer «à des champs électriques proportionnels à ceux régnant dans l’atmosphère». Il est ainsi apparu «que les insectes montaient quand le champ électrique était allumé (1,25 ou 6,25 kVm-1), descendaient quand ce champ était éteint (0 V m-1)».
En conséquence, «l'hypothèse selon laquelle les forces éoliennes et thermiques étaient responsables de ce mode de dispersion» a été écartée au profit de celle du gradient de potentiel atmosphérique, car non seulement «les champs électriques peuvent déclencher le gonflement et fournir un soulèvement en l’absence de mouvement de l’air», mais «ils pourraient, en plus de la traînée (un phénomène aérodynamique), fournir les forces nécessaires à la dispersion des araignées-ballons dans la nature».
Lien externe complémentaire (source Wikipedia)
(*) Ballooning
(**) Linyphiidae
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «An early trend towards gigantism in Triassic sauropodomorph dinosaurs» ont été publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution, rapporte la découverte en Argentine d'une espèce de dinosaure géant qui a vécu sur Terre il y a plus de 200 millions d'années.
Rappelons ici que «l'ère du Mésozoïque se subdivise en trois grandes périodes: le Trias (de -251 à -200 millions d'années), le Jurassique (de -200 à -145 millions d'années) et le Crétacé (de -145 à -65 millions d'années)». Dans ce contexte, la nouvelle espèce, dénommée Ingenia prima, «mesure près de trois fois la taille des dinosaures les plus grands de la période du Trias» et il apparaît qu'il s'agit de la première forme «à être géante au milieu de tous les dinosaures».
Ses restes ont été retrouvés «en 2015 sur le site paléontologique de Balde de Leyes dans la province de San Juan, à 1.100 kilomètres à l'ouest de Buenos Aires». Ils comportent «des vertèbres du cou et de la queue, des os des pattes avant et une partie des os des pattes arrières». Ce dinosaure fait partie des quadrupèdes du groupe des sauropodes, des herbivores «qui se distinguent facilement par leur long cou et leur longue queue».
L'étude estime que «le spécimen découvert mesurait de 6 à 7 mètres, était jeune et pesait quelque 10 tonnes, soit le poids de 2 à 3 éléphants, alors que, jusqu'ici, on pensait «que le gigantisme chez les dinosaures était apparu durant la période jurassique, soit il y a 180 millions d'années environ».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Cnidarian Cell Type Diversity and Regulation Revealed by Whole-Organism Single-Cell RNA-Seq» ont été publiés dans la revue Cell, a permis de découvrir plus d'une centaine de types cellulaires différents chez l'anémone de mer (*) avec, en particulier, une incroyable diversité de neurones, ce qui a conduit à la réalisation d'un véritable atlas cellulaire.
Rappelons tout d'abord que l'anémone de mer Nematostella vectensis (**) est un petit invertébré marin d'une apparente simplicité (un cylindre surmonté de tentacules urticants) qui possède les particularités d'être «facile à maintenir en laboratoire» et de posséder «un génome suffisamment simple pour en étudier les rouages et suffisamment proche de celui de l’homme pour en tirer des enseignements».
Plus précisément, «quand le génome de l’anémone de mer a été séquencé en 2007, on a découvert qu’il était très similaire à celui de l’homme, tant au niveau du nombre de gènes, avec environ 20000 gènes, que de l’organisation», de sorte que «ces similarités font de l’anémone de mer un modèle idéal pour étudier le génome animal et comprendre les interactions qui se jouent entre les gènes».
De plus, elle occupe une «position stratégique dans l’arbre du vivant» puisque «la branche évolutive des cnidaires à laquelle appartiennent les anémones s’est séparée de celle des bilatériens» (***), qui comprend «la plupart des autres animaux y compris l’homme», il y a plus de 600 millions d’années. Il en découle que l'anémone peut «nous aider à comprendre l’origine et l’évolution des multiples types cellulaires qui constituent les corps et organes des animaux, et notamment leur système nerveux».
Dans ce contexte, l'étude ici présentée a été entreprise pour «en apprendre un peu plus sur les anémones de mer». Une technique innovante a permis d'ausculter ce cnidaire, cellule par cellule. Ces cellules minuscules (elles «ne font pas plus d’1 micron de diamètre») ont «été isolées une à une, et leur ARN analysé», car «si l’ADN des chromosomes contient l’ensemble des gènes, l’ARN montre ceux-ci en activité».
Cet approche à l’échelle de la cellule unique «permet de répertorier avec une grande précision les différents types cellulaires, mais également d’identifier les gènes responsables du fonctionnement de chacune de ces cellules». Au bout du compte, «ce sont plus d’une centaine de types cellulaires différents qui ont été identifiés, regroupés dans huit familles principales de cellules (musculaires, digestives, neuronales, épidermiques, etc.)».
Le système nerveux constitue «l’une des grandes surprises de ces travaux», puisque «près d’une trentaine de type de neurones différents (peptidergiques, glutamatergiques ou encore insulinergiques) ont été identifiés, révélant un système nerveux et sensoriel d’une relativement grande complexité».
Cette étude, qui va contribuer à préciser «le portrait de l’ancêtre commun dont dérivent d’une part les cnidaires (anémones) et de l’autre les animaux bilatériens (hommes)», devrait aussi aider à «mettre au jour les mécanismes conservés entre tous les animaux qui sont essentiels pour leur développement et leur homéostasie».
Liens externes complémentaires (source Wikipedia)
(*) Anémone de mer
(***) Bilateria
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «The evolutionary history of dogs in the Americas» ont été publiés dans la revue Science, a permis de faire apparaître, grâce à des analyses génétiques, que les chiens domestiques, qui ont accompagné les premières populations qui ont commencé à peupler le continent américain (Amérindiens), ont été remplacés par les chiens domestiques arrivés avec les premiers colons européens à partir de la fin du XVe siècle.
Indiquons tout d'abord que «les plus anciens restes de chiens domestiques retrouvés en Amérique sont vieux de 9900 ans» et qu'il est vraisemblable que «des individus soient arrivés plus tôt encore avec les premières vagues migratoires». Dans ce contexte, l'étude ici présentée a procédé «au séquençage de l'ADN de 78 chiens anciens pour les comparer à plusieurs centaines d'ADN modernes.
L'analyse ADN montre «une continuité entre les chiens d'Asie, les premiers à avoir été domestiqués, et ceux retrouvés en Amérique». Pour «affirmer que ces derniers n'ont pas traversé le détroit tout seul», l'étude développe le raisonnement suivant: «Si les animaux étaient arrivés par eux-mêmes, ils auraient ensuite vécu à l'état sauvage sur le continent» et, de ce fait, on aurait «retrouvé plus de mélanges de gènes avec les populations sauvages», ce qui n'est pas le cas puisque «les animaux domestiques ont été relativement bien préservés sur le plan génétique.»
En outre, à aucun moment les humains n'ont «domestiqué les loups et coyotes originaires d'Amérique», comme le montrent les analyses ADN qui prouvent «que les populations sont restées séparées». On peut même conclure qu'à l'instar des humains, «les populations canines sont arrivées par vagues»: par exemple, «il y a 1000 ans, des populations ancêtres des Inuits, les hommes de Thulé, ont peuplé le Groenland» et ils «étaient accompagnés de chiens originaires d'Asie».
Dans le prolongement de ces vagues, «après l'arrivée des Européens en 1492, une nouvelle population canine va se répandre sur tout le continent». Cependant, «de la même manière que 95% des populations humaines autochtones ont disparu après cette date, les chiens européens vont totalement remplacer les premiers arrivants». Il n'y a, jusqu'ici, «aucun indice pour expliquer cette disparition», mais «on peut supposer que quelque chose de catastrophique a pu arriver» probablement associé avec la colonisation européenne.
Néanmoins, «avant de disparaître les premiers chiens américains ont laissé un petit héritage à leurs successeurs» qui semble une sorte de «vengeance post-mortem»: plus précisément, il s'agit d'un«cancer sexuellement transmissible propre aux premiers chiens américains».
votre commentaire