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Une étude, dont les résultats intitulés «A fibrolytic potential in the human ileum mucosal microbiota revealed by functional metagenomic» ont été publiés dans la revue Scientific Reports, a permis, grâce à des approches de métagénomique, de découvrir une activité fibrolytique au niveau de l'intestin grêle (plus précisément dans l'iléon), alors que jusqu'ici on situait uniquement dans le côlon la dégradation des fibres alimentaires (et notamment des polysaccharides complexes), une fonction majeure de notre microbiote intestinal.
Rappelons que, «parmi les fibres alimentaires, les polysaccharides sont constitués de longues chaînes de sucres complexes, présentes notamment dans les fruits, les légumes, les céréales». Ils «jouent un rôle important dans notre alimentation» et «sont digérés dans notre intestin par les bactéries de notre microbiote intestinal» qui «produisent une grande variété d’enzymes pour découper les fibres en plus petites molécules, elles-mêmes utilisées ou transformées au cours de la fermentation microbienne pour générer de l’énergie utilisée par nos propres cellules».
Alors que «ce dialogue tripartite entre 'fibres-microbes-hôte' contribue à nous maintenir en bonne santé», «nos connaissances des bactéries 'fibrolytiques' intestinales restent encore limitées aux bactéries localisées dans le côlon, partie terminale de l’intestin». Pour sa part, l'étude ici présentée «a permis d’explorer un autre site intestinal: l’iléon, situé plus haut que le côlon dans le tractus digestif, en partie terminale de l’intestin grêle» qui, jusqu'à présent, «bien que colonisé par de nombreuses bactéries», demeurait «très peu étudié en raison de sa faible accessibilité».
L'analyse a concerné «20000 clones métagénomiques portant de longs fragments d’ADN bactériens provenant du microbiote associé à la muqueuse iléale». Une approche de métagénomique fonctionnelle a conduit à repérer «11 clones particulièrement intéressants» puisqu'ils «sont porteurs de gènes impliqués à la fois dans la dégradation de polysaccharides complexes constituant les parois des végétaux que nous ingérons, et dans le transport des sucres ainsi formés à l’intérieur des bactéries».
Une cinquantaine de protéines «impliquées dans le métabolisme des fibres dont la moitié est constituée d’enzymes dédiées à la dégradation de polysaccharides variés» ont ainsi été mises en évidence comprenant «13 familles différentes de glycoside hydrolases». Les gènes identifiés et impliqués dans le métabolisme des fibres «ont tous été recherchés dans les catalogues de gènes de référence du microbiote intestinal représentatifs du microbiote colique (aucun catalogue n’existe pour les autres sites intestinaux)» et «leur abondance a été estimée chez plus de 1200 individus».
Il est alors apparu que «si certains gènes sont partagés entre colon et iléon, d’autres semblent spécifiques de l’iléon et correspondent très probablement à des génomes bactériens installés dans l’intestin grêle, qui ne sont pas majoritaires dans le microbiote colique». Il en résulte que «les approches de métagénomique fonctionnelle et quantitative utilisées dans cette étude soutiennent l’hypothèse que les bactéries fibrolytiques occupent plusieurs niches écologiques le long de l’intestin», ce qui amène à reconsidérer la «fonction de dégradation des fibres alimentaires et son impact sur la santé humaine».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Hydrogen isotope fractionation in methane plasma» ont été publiés dans la revue PNAS, a permis de reproduire en laboratoire la formation de la matière organique en fractionnant le plus simple des hydrocarbures, le méthane gazeux, en plusieurs petits morceaux.
Des dépôts de carbone, «dont l’arrangement des atomes et la composition isotopique sont identiques à ceux des grains organiques des météorites carbonées», sont ainsi apparus, de sorte que «cette expérience ouvre pour la première fois une piste expérimentale pour interpréter la composition isotopique en hydrogène de ces météorites qui présente une 'anomalie', une signature caractéristique, dont l’origine est toujours incomprise».
Soulignons également un autre aspect important de cette expérience: elle a permis «de reproduire l’environnement qui prévalait dans le disque protoplanétaire, où le rayonnement ultraviolet du jeune soleil entrainait la fragmentation du méthane».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Early formation of the Moon 4.51 billion years ago» sont publiés dans la revue Science, a permis de dater, grâce à des données issues de la cosmochimie, la formation de la Lune: elle aurait au moins 4,51 milliards d'années, ce qui fait qu'elle serait de 40 à 140 millions d'années plus vieille que ce qui avait été estimé jusqu'ici.
Ces travaux «se basent sur l'héritage du programme Apollo, qui a permis de ramener sur Terre quelques centaines de kilogrammes de roches lunaires». Soulignons que «parmi les minéraux qui permettent, en théorie, de dater la formation de la Lune, on trouve les zircons», qui «sont particulièrement résistants et peuvent conserver la mémoire de leur origine durant des milliards d'années».
Des zircons, retrouvés dans les roches ramenées par les astronautes d'Apollo 14, ont été analysés dans le cadre de l'étude ici présentée en se fondant sur «deux couples d'isotopes mesurés à l'aide de techniques de spectrométrie de masse», à savoir «celui avec l'uranium et le plomb (U-Pb) et celui avec le lutécium et l'hafnium (Lu-Hf)». Dans chacun de ces couples, l'isotope instable «se désintègre au cours du temps en le second, ce qui permet, en mesurant les quantités dans les zircons, de s'en servir comme des sabliers qui se vident et, donc, comme des horloges».
Plus précisément, «le système Lu-Hf permet de dater la naissance du magma et le système U-Pb la naissance des zircons». Ainsi, en suivant ce principe, les échantillons d'Apollo 14 ont conduit à conclure «que notre lune serait née il y a au moins 4,51 milliards d'années». Cette conclusion devrait certainement «alimenter les débats concernant la date à laquelle notre planète est devenue habitable, avec des océans permettant à la vie d'apparaître et de prospérer».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Earliest Human Presence in North America Dated to the Last Glacial Maximum: New Radiocarbon Dates from Bluefish Caves, Canada» ont été publiés dans la revue PLOS ONE, a permis de faire faire à l'arrivée des premiers hommes en Amérique un bond de 10000 ans dans le temps, puisque la présence humaine sur le continent nord américain remonterait à 24000 ans, et non à 14000 ans comme on l'estimait jusqu'ici.
Cette datation découle de l'examen des vestiges osseux «mis au jour à Blue Fish Cave (les grottes du Poisson Bleu) sur les rives de la Blue Fish, dans le nord-ouest du Yukon»: ces milliers «de fragments d’os de mammouths, bisons, caribous et surtout de chevaux (animaux typiques de la faune pléistocène)» ont été «exhumés entre 1977 et 1987 par l’archéologue canadien Jacques Cinq-Mars et conservés au Musée de l’histoire de Gatineau, à Québec».
L'étude ici présentée rapporte que c’est le réexamen «à l’aide d’un stéréomiscroscope (loupe binoculaire à haute résolution)» de ces fragments osseux qui a conduit à identifier «d’incontestables traces d’interventions humaines», en fait «des entailles en forme de V sur les surfaces osseuses qui seraient dues à des outils de pierre taillée»: des microlames, qui avaient «été retrouvées en quantité dans le site», auraient «servi à couper et trancher les chairs et cartilages lors du dépeçage des carcasses».
Plus précisément, «quinze échantillons d’os comportaient des modifications imputables à ces activités humaines, tandis qu’une vingtaine d’autres ont été classées comme hautement probables». En particulier, des stries profondes se trouvaient «sur un fragment d'os pelvien de caribou, et d’autres sur un os long appartenant à un mouflon de Dall».
En outre, «la forte fragmentation des assemblages osseux» plaide en faveur de cette interprétation: en effet, alors que lorsque des animaux carnivores «abandonnent des os derrière eux, ces derniers restent relativement complets», les humains «les brisent avec leur percuteur pour en extraire la moelle, ce qui pourrait expliquer la forte quantité d’os fragmentés retrouvés dans les grottes de Bluefish».
Les analyses radiocarbones effectuées ensuite ont attribué au «plus vieux fragment comportant des traces anthropiques, une mandibule de cheval» une datation de 24 000 ans, «ce qui a dû réjouir Jacques Cinq-Mars lui-même, qui avait déjà émis l’hypothèse alors controversée de l’occupation humaine de ces grottes».
Ainsi, la preuve est désormais apportée que la Béringie de l’Est, «cet immense territoire s’étendant du fleuve Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest, à la Léna, en Russie», était habitée «lors de la dernière glaciation» et «aurait joué un rôle central dans la dispersion initiale des premières populations venues d’Asie en Amérique». D'ailleurs, «des études en génétique des populations ont montré qu’un groupe de quelques milliers d’individus venus de Sibérie ont vécu en Béringie de façon isolée entre 15 000 et 24 000 ans, au cours du dernier maximum glaciaire».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Integrated Control of Predatory Hunting by the Central Nucleus of the Amygdala» ont été publiés dans la revue Cell, a permis, en stimulant une zone spécifique du cerveau grâce à l'optogénétique, de pousser des souris à adopter des comportements de prédation face à des objets inertes et totalement inadaptés à les nourrir.
Rappelons tout d'abord que l'optogénétique consiste à manipuler le génome d'un animal afin «que ses cellules neuronales soient 'forcées' de s'activer lorsqu'elles sont soumises à une lumière émise par une fibre optique implantée directement dans le cerveau de l'animal». De ce fait, on peut «commander l'activation des neurones de façon très précise, et réversible (contrairement aux manipulations génétiques qui «désactivent» définitivement un ou des gènes donnés)».
Pour sa part, l'étude ici présentée a employé l'optogénétique pour identifier «un circuit de neurones qui coordonne, chez la souris, le comportement de prédation». Plus précisément, quand le laser était éteint, «les souris agissaient normalement, sans réagir si elles croisaient un bout de bois ou un morceau de plastique», alors que lorsqu'il était allumé les rongeurs «sautaient sur l'objet, le tenant entre leurs pattes et le mordant comme s'ils essayaient de le capturer et de le tuer». Notons que les mêmes résultats ont été obtenus «en stimulant les neurones chimiquement plutôt qu'avec de la lumière».
Parmi les nombreuses zones cérébrales associées à la chasse et à l'alimentation listées dans de précédents travaux, il est apparu que «l'une, située au sein de l'amygdale (une structure cérébrale plus communément associée à la peur), était activée précisément lorsque les rongeurs chassaient». Cette zone, le noyau central de l'amygdale, «est idéalement positionné pour être le médiateur de la prédation chez les vertébrés», car elle possède «des prolongements vers d'autres régions commandant les muscles mobilisés lors de la chasse (pattes et cou)».
Soulignons cependant «que les circuits cérébraux stimulés lors de l'expérience ne sont qu'un des éléments régulant le comportement complexe qu'est la chasse»: plus précisément, le système identifié «semble relié à l'intérêt de l'animal pour obtenir de la nourriture», car «plus les souris avaient faim, plus la stimulation lumineuse les rendait redoutables envers leurs proies», mais ce ne sont pas là «les neurones du meurtre» puisque «face à leurs congénères, les souris illuminées pouvaient éventuellement être plus curieuses» sans être pour cela plus agressives.
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